Devant une commission du Sénat américain qui enquête sur la protection de la santé mentale des jeunes, le directeur d’Instagram propose des solutions pour réduire les risques d’exposition des jeunes à des contenus nocifs. Retour à un fil chronologique, conseil industriel pour les entreprises des réseaux sociaux, redirection vers un autre type de contenu… Des mesures jugées insuffisantes par les sénateurs.
Instagram est sous le feu des critiques ces derniers temps. Dangereux pour les mineurs, créant des addictions, environnement toxique, trafic de drogues : le réseau social aux photos carrées est en mauvaise posture. A tel point que le directeur a été appelé devant une Commission du Sénat américain, qui enquête sur l’impact du réseau sur la santé mentale des jeunes, rapporte CNN.
Devant cette Commission, le directeur Adam Mosseri a affirmé que le fil d’actualité chronologique allait refaire son apparition. Et cela, pour lutter contre le fait que l’algorithme pousse les utilisateurs dans un rabbit hole, une bulle à filtre, où le contenu vu détermine le contenu qui sera proposé ensuite – on voit alors toujours les mêmes choses, à la fin. Le tout s’autorenforce donc constamment. Et Mosseri l’admet : ces rabbit holes peuvent être toxiques, et l’on sera tout le temps exposé à du contenu qui peut nuire à notre santé mentale.
Les utilisateurs auront alors l’option de trier leur feed de manière chronologique. Selon Mosseri, Instagram y travaille depuis des mois et l’option devrait être prête au premier trimestre 2022. Il estime aussi que des régulations supplémentaires sont nécessaires, ainsi que des outils pour le contrôle parental.
Il suggère également l’idée d’un organisme industriel, d’une sorte de conseil en la matière, qui détermine les bonnes pratiques pour vérifier l’âge et la mise en place d’outils pour le contrôle parental, qui recevrait des suggestions de la société civile, des parents et des autorités. Il aurait cependant décliné à s’engager à avoir un conseil indépendant, qui ne serait pas présidé par les Big Tech. Mais il a admis qu’il était important d’implémenter des standards de régulation pour les jeunes.
Lanceuse d’alerte
Mosseri est la personne la plus haut placée chez Meta, qui détient Instagram, à témoigner devant des parlementaires. En septembre, Frances Haugen, une lanceuse d’alerte, avaient divulgué des centaines de documents, qui montraient comment Facebook et Instagram étaient au courant des éléments nocifs pour la santé mentale et l’image de son corps, notamment auprès des adolescentes.
Mosseri a été critiqué des deux bords – fait plutôt rare -, Démocrates comme Républicains semblent sur la même longueur d’onde lorsqu’il s’agit de protéger les enfants et adolescents. Qu’il a fait la sourde oreille lorsqu’une influenceuse connue, lors d’un événement retransmis en direct, lui avait dit qu’elle utilisait Instagram depuis ses huit ans. Et que depuis toutes les années où des personnes du groupe Facebook viennent témoigner, rien n’a changé.
Nouvelles fonctions, des « demi-mesures »
Avant la comparution de Mosseri, Instagram avait déjà lancé, en début de semaine, une nouvelle fonction, appelée « Take a break » (prenez une pause), qui encourage les utilisateurs à s’éloigner de la plateforme après un certain temps passé à scroller. L’entreprise veut aussi devenir plus stricte en ce qui concerne le contenu suggéré pour les jeunes. Ils seront redirigés vers d’autres thématiques lorsqu’ils auront passé trop de temps sur un sujet en particulier. Un contrôle parental pour limiter le temps d’accès des jeunes est également dans le pipeline.
Des « demi-mesures qui ne vont pas mener à plus de protection pour les jeunes », critique la sénatrice républicaine Marsha Blackburn. Dans le feu des critiques depuis le leak des documents de Facebook, le lancement d’une version d’Instagram pour les moins de 13 ans semble être suspendu, dans un premier temps. Mais le développement continuera bien, estime Mosseri.