Le réchauffement climatique va-t-il avoir raison des sushis japonais?

Au Japon, l’algue nori, un aliment de base de la cuisine japonaise, a commencé à disparaître. C’est une nouvelle conséquence du réchauffement climatique, mais pas seulement. Ironiquement, les efforts du pays pour contrôler sa pollution sont aussi en cause.

La nori fournit les feuilles fines sombres qui enveloppent les boulettes de riz des makis (sushis en rouleaux), par exemple. Mais les exploitants qui la cultivent déplorent des récoltes de plus en plus maigres. Ce phénomène est particulièrement visible dans la région de Futtsu, une ville située à l’entrée de la baie de Tokyo, où on la cultive depuis des siècles. En 2015, la coopérative locale comptait plus de 100 membres ; l’année dernière, ils n’étaient plus que 73. 

Deux facteurs préjudiciables à la culture de la nori

En effet, au cours des dernières décennies, la température de l’eau de mer autour de l’archipel nippon a augmenté sensiblement, probablement en raison du réchauffement climatique. Or, la nori pousse en hiver, lorsque la température de l’eau descend à près de 23°C. Mais ce moment tend à survenir plus tardivement dans la saison. Parfois, il ne se produit même plus. 

En outre, il y a environ 20 ans, une réglementation adoptée pour assainir les cours d’eau est entrée en vigueur au Japon. Elle a réduit les quantités de phosphore et l’azote issus du ruissellement des déchets agricoles et des engrais qui se déversent dans la mer. Mais s’ils sont toxiques pour les poissons, ces derniers favorisent aussi la prolifération des algues. 

En conséquence, les algues récoltées sont souvent pâles et brunes, gage de mauvaises qualités gustative et alimentaire. Pire, ces épisodes de décoloration sont de plus en plus fréquents.

Les conséquences économiques se font sentir

Le déplacement des sites de production n’est pas envisageable. L’algue se cultive dans des baies peu profondes et abritées. Mais au Nord de Tokyo, peu de baies présentent ces caractéristiques. En outre, cela nécessiterait d’importants investissements en capital.

Les producteurs exigent des assouplissements de la réglementation portant sur les quantités de phosphore et l’azote présentes dans l’océan. Mais ils sont conscients qu’ils devront plutôt se tourner vers des variétés de nori plus résistantes à des températures plus élevées. 

La baisse des récoltes a déjà commencé à faire grimper les prix. De même, les importations en provenance de Corée ont fortement augmenté.

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