« 50 nuances de gauche et nous. » Le slogan de campagne du MR a fait mouche dans le sud du pays, puisque tout le monde en a parlé. Et au vu du débat des présidents de parti, hier soir sur RTL-TVi, le parti libéral francophone ne s’est pas trompé : ce sera du tous contre un. Il faut dire que le président Georges-Louis Bouchez a tout fait pour, durant cette législature.
- Sur la forme, le débat a été de bonne tenue, audible et sans clash incessant. Car le débat présidentiel a été divisé en plusieurs catégories, accordant à chaque fois un temps de parole d’une minute aux six protagonistes (PS, MR, Ecolo, PTB, Engagés et DéFi). Cela n’aura évidemment pas empêché quelques attaques, essentiellement dirigées vers le MR de Georges-Louis Bouchez.
- Sur le fond, le premier thème proposé était celui du pouvoir d’achat. Et tous les partis, sans exception, veulent renforcer le salaire-poche pour les bas et moyens salaires. Des propositions souvent hors de toutes considérations budgétaires.
- Le PS et Ecolo proposent de renflouer le pouvoir d’achat de 300 euros nets par mois. Comment ? Paul Magnette (PS), comme toujours, suggère d’aller chercher cet argent en taxant davantage le capital et/ou la fortune. Les Engagés, qui propose même 400 nets par mois, Ecolo et le PTB sont sur la même ligne. Défi y ajoute l’argent de la grande criminalité. Mais tous semblent oublier que la Belgique est déjà le 3e pays européen qui taxe le plus le capital, selon les données d’Eurostat.
- Le MR est le seul parti qui propose de baisser la taxation sur le travail en dégageant de l’argent via une réduction des dépenses publiques et par une mise à l’emploi. Si la Wallonie et Bruxelles étaient en situation de plein emploi comme en Flandre, « cela rapporterait 20 milliards d’euros », appuie Georges-Louis Bouchez, qui veut créer un différentiel de 500 euros entre l’emploi et l’inactivité. La façon de parvenir au plein emploi est par contre beaucoup moins clair.
- Ce thème a été l’occasion pour Rajae Maouane, la coprésidente d’Ecolo, de décocher la première flèche en direction des libéraux : « Nous avons proposé une réforme fiscale mais un seul parti s’y est opposé de manière frontale : le MR de Georges-Louis Bouchez. » Un propos appuyé dans la foulée par Paul Magnette.
- Et c’était une constante dans ce débat : le duo formé par Ecolo et le PS était totalement aligné. En termes de propositions, mais aussi dans ses attaques contre les libéraux : sur les thèmes de la santé et de la justice, ils n’ont eu de cesse de s’attaquer au gouvernement « MR-N-VA », responsable, selon eux, de coupes budgétaires dans des services essentiels. À plusieurs reprises, le duo a été soutenu par les autres présidents autour de la table.
- À l’inverse du MR, Les Engagés ont été caressés dans le sens du poil, voire très courtisés. De retour à 13% dans les sondages en Wallonie, Les Engagés pourraient être les faiseurs de rois, un rôle que les chrétiens-démocrates n’ont plus joué depuis longtemps. DéFi pourrait faire de même à Bruxelles.
- Paul Magnette, lui, rêve déjà d’Olivier (PS-Ecolo-Engagés) pour le sud du pays. Il ne s’en est jamais caché, en voulant former « des coalitions les plus progressistes possibles ». « On a vu ce que le centre-droit a donné. C’est le gouvernement Michel qui a laissé de très mauvais souvenirs chez les Wallons et les Bruxellois », a-t-il une nouvelle fois insisté lors du débat. Exactement le même son de cloche du côté d’Ecolo, qui veut des gouvernements « progressistes ».
- En fin de débat, Georges-Louis Bouchez s’est directement adressé à Maxime Prévot, le président des Engagés, lui demandant de choisir son camp et insistant sur les points de convergence entre les deux partis. Tout sourire, le Namurois a répondu qu’il ne ferait aucune exclusive, « à l’exception des extrêmes », et que le retour des partis centristes était nécessaire « pour ramener de la sérénité ». DéFi, dont le président François De Smet a rappelé les points de convergences avec le MR, le PS et Ecolo, se positionne de la même manière à Bruxelles.
- On le comprend donc très bien. La stratégie du « seul contre tous » du MR est une réalité. Mais elle est à double tranchant. Le parti libéral se distingue très clairement devant l’électeur wallon et bruxellois, mais il devra réaliser un sacré score s’il ne veut pas se faire exclure de toutes les coalitions régionales.