Le plus grand échec de Vladimir Poutine : 9 pays de l’OTAN soutiennent l’adhésion de l’Ukraine

Plus de six mois après le début du conflit en Ukraine, on peut dire que Vladimir Poutine vient de complètement rater ce qui était à l’époque son seul but de guerre véritablement clair : s’assurer que l’OTAN ne s’étendrait pas à nouveau vers l’est, et en particulier en Ukraine.

Kiev a officiellement demandé une adhésion accélérée à l’Alliance atlantique le 30 septembre dernier, quelques heures après que la Russie a annoncé l’annexion formelle de quatre régions ukrainiennes sur lesquelles son armée exerce de moins en moins de contrôle. Le plus grand accaparement de terres en Europe depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, relève Euractiv.

« Chaque démocratie en Europe a le droit de demander l’adhésion à l’OTAN »

Neuf pays d’Europe centrale et occidentale ont exprimé ce lundi leur soutien à l’adhésion ukrainienne dans une déclaration commune. Les présidents de la Pologne, de la Roumanie, de la Slovaquie, de la République tchèque, de l’Estonie, de la Lettonie, de la Lituanie, du Monténégro et de la Macédoine du Nord ont déclaré qu’ils « soutenaient fermement » la décision prise par l’OTAN au sommet de Bucarest en 2008 concernant les perspectives d’adhésion de l’Ukraine à l’alliance. À l’époque, l’Alliance avait promulgué les critères pour l’adhésion de l’Ukraine et de la Géorgie, mais le processus s’était enlisé face aux pressions russes, et surtout l’annexion de la Crimée par Moscou en 2014. Maintenant que Poutine a joué la carte de la guerre ouverte – bien que non déclarée -, bien des verrous ont sauté.

« Chaque démocratie en Europe a le droit de demander l’adhésion à l’OTAN, et les alliés de l’OTAN respectent ce droit, et nous avons déclaré à maintes reprises que la porte de l’OTAN reste ouverte » a adressé à des journalistes le secrétaire général de l’OTAN Jens Stoltenberg. Il a ajouté que les membres de l’OTAN ont récemment affirmé, lors d’un sommet à Madrid, qu’ils « soutiennent le droit de l’Ukraine à choisir sa propre voie, à décider du type d’accords de sécurité dont elle veut faire partie. » Il a toutefois bien évité de se déclarer personnellement en faveur de l’adhésion ukrainienne.

Car celle-ci ne va pas de soi : l’adhésion à l’Alliance requiert le soutien unanime de ses 30 membres, et il n’existe pas de procédure accélérée. En outre, le traité de l’OTAN comprend des dispositions, notamment l’article 5 de la clause de défense collective, qui limitent l’acceptation d’un candidat qui est en guerre ou qui a des territoires contestés.

Changer imprudemment la face du monde

II n’empêche qu’il s’agit là d’une défaite stratégique pour Poutine, qui voit la détermination ukrainienne se maintenir et obtenir le soutien d’au moins une bonne part de l’OTAN, alors qu’il a déclenché cette invasion dans le but de ramener Kiev dans le giron de Moscou.

Bien pire, l’OTAN va vraisemblablement s’étendre sur d’autres fronts, avec les demandes d’adhésion de la Finlande et de la Suède, alors que les deux pays de Fennoscandie étaient jusqu’ici prudemment restés neutres depuis, là aussi, la fin de la Seconde Guerre mondiale. La décision du gouvernement russe d’envahir l’Ukraine en février dernier a donc bel et bien changé durablement la face du monde. Mais pas dans le sens que le voulait Moscou.

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