Joe Biden ambitionne de « réinventer » l’économie américaine, avec un projet de budget pour 2022 de 6.000 milliards de dollars dont les priorités prennent le contrepied de celles de Donald Trump, et des dépenses qui feraient gonfler la dette du pays à un niveau jamais vu.
Education, santé, infrastructures, changement climatique…: les priorités dévoilées dans ce tout premier projet de budget du président américain sont dans la veine de ses promesses de campagne et des grandes lignes présentées début avril.
« Nous devons saisir le moment pour réinventer et reconstruire une nouvelle économie américaine qui investit dans la promesse et le potentiel de chaque Américain », a déclaré le président américain dans un message adressé au Congrès.
Le Covid-19 a plongé les Etats-Unis dans leur pire crise économique depuis les années 30, et, si la première économie commence à se redresser, elle est encore loin des niveaux d’avant pandémie.
« Malgré tous les progrès durement acquis que notre pays a réalisés ces derniers mois, l’Amérique ne peut pas se permettre de simplement revenir à la situation d’avant la pandémie et le ralentissement économique, avec les faiblesses structurelles et les inégalités de l’ancienne économie toujours en place », a encore averti le président.
New Deal
Pour cela, il compte sur deux plans d’investissements, inclus dans ce projet et qui doivent permettre de créer des millions d’emplois: un premier « pour les familles américaines » de 1.800 milliards de dollars sur 10 ans, un autre sur les infrastructures, objet d’âpres négociations entre l’administration et l’opposition.
Les sénateurs républicains proposent 928 milliards de dollars sur huit ans, contre 1.700 milliards pour les démocrates qui ont consenti à raboter leur projet de 600 milliards.
La Maison Blanche s’efforce de ménager les élus du Congrès, qui voteront ou non le projet de budget. Joe Biden peut certes compter sur des majorités démocrates à la Chambre des représentants et au Sénat. Mais elles sont si étroites, surtout à la chambre haute, qu’il ne peut se permettre quasiment aucune défection.
Ces plans, destinés à bâtir la « nouvelle économie américaine », doivent aussi permettre « aux Etats-Unis de surpasser leurs rivaux », à commencer par la Chine.
Car s’il est un terrain sur lequel le président s’inscrit dans les pas de Donald Trump, c’est bien celui de la compétition commerciale avec l’Empire du milieu.
Le montant total des dépenses prévues pour l’exercice fiscal 2022 s’élève à 6.000 milliards de dollars, en baisse par rapport à 2020 et 2021, lorsque le gouvernement fédéral avait dû réaliser des dépenses faramineuses pour faire face à la pandémie de Covid-19.
A titre de comparaison, le budget 2020 présenté par Donald Trump en 2019 portait sur environ 4.700 milliards de dollars de dépenses.
Joe Biden entend augmenter considérablement les montants alloués aux investissements dans l’éducation, la santé, et les infrastructures. Le budget consacré à la défense augmente légèrement, à 756 milliards de dollars.
Dette
Mais toutes ces dépenses risquent de faire grimper la dette, qui représente désormais plus de 100% du produit intérieur brut. Elle devrait atteindre 111,8% du PIB en 2022 et 117% en 2031.
Comme promis, Joe Biden veut augmenter les impôts pour les Américains les plus riches et pour les grosses entreprises, qui vont plus que doubler dans les dix années à venir.
« Au fil du temps, les économies réalisées grâce à ces réformes dépasseront le coût des investissements », a ajouté le président, promettant des gains « importants et croissants » et une réduction du déficit annuel « d’ici la fin de la période budgétaire décennale et chaque année par la suite. »
Convaincre les Républicains
Mais il lui faudra déployer des trésors de persuasion pour convaincre les républicains de se prononcer en faveur de cette réforme, qui détricoterait les baisses d’impôts mises en place par Donald Trump.
L’administration compte aussi profiter des taux d’intérêt historiquement bas pour financer son budget sans pour autant alourdir la dette du pays avec des intérêts élevés à rembourser.
Le budget de la Maison Blanche marque généralement le début du processus interminable qui mène au financement du gouvernement.
En cas de désaccord des deux partis sur le projet de loi, le risque est que l’administration fédérale, pas financée, soit contrainte de fermer: c’est le « shutdown ».
Pour aller plus loin: