Cette année chez Google, les employés « freelance » (indépendants) ont dépassé en nombre les employés « classiques » : une première dans l’histoire de la firme. Facebook, Amazon, Uber… les autres géants de la Silicon Valley recourent aussi en masse à cette main-d’œuvre que l’on embauche sur une base ponctuelle et temporaire selon les besoins.
Pour ces entreprises, c’est bien sûr une façon de réduire les dépenses : par exemple, les indépendants ne bénéficient pas de couverture médicale par leur employeur. Les travailleurs occasionnels peuvent facilement être embauchés et renvoyés selon les besoins de l’entreprise, comme lors d’une augmentation temporaire de l’activité.
La création d’une nouvelle sous-classe de travailleurs
Parfois, ce mode de travail est un moyen pour les entreprises de bénéficier de l’éclairage d’une personne qui travaille dans un domaine spécialisé (par exemple, un docteur), ou de profiter ponctuellement des talents d’un expert recherché. En effet, les travailleurs temporaires sont de plus en plus qualifiés.
Comme ce mode de travail gagne en popularité, les inégalités se creusent avec la création d’une nouvelle sous-classe de travailleurs : ceux-ci travaillent à temps plein, mais sans jouir des avantages qui accompagnent habituellement un contrat de travail classique, et souvent ils ne peuvent pas participer pleinement à la vie de l’entreprise pour des raisons de sécurité de l’information, ou des raisons financières.
Une enquête d’Upwork (une plateforme sur laquelle les indépendants peuvent postuler à des missions proposées par des entreprises) datant de l’année dernière a évalué à 57,3 millions le nombre d’actifs américains qui travailleraient à titre d’indépendant. Cela représente 36 % de la main d’oeuvre américaine. Ce phénomène n’est d’ailleurs plus cantonné à la seule Silicon Valley, d’autant que beaucoup d’entreprises cotées cherchent à réduire les coûts de leurs ressources humaines.
Une situation qui peut tourner à l’avantage du travailleur
Cependant, les profils recherchés (comme les data scientists) tournent la situation à leur avantage : ils conservent leur indépendance par choix et peuvent faire jouer la compétition pour monnayer leurs services. Une situation qui handicape de plus en plus les startups, qui sont contraintes d’offrir des salaires de plus en plus élevés pour tenter d’attirer les meilleurs talents.
Comme le paysage de l’emploi change et que le nombre d’indépendants augmente, il y a désormais moins d’employés à temps plein. A la Silicon Valley, avoir occupé un emploi stable depuis plusieurs années dans une firme n’est plus si bien vu – cela pourrait être un signe que l’employé n’a pas pu trouver du travail ailleurs.