Le gouvernement chinois devrait bientôt lever toutes les limitations concernant les naissances et mettre en place des mesures pour encourager les couples à avoir au moins deux enfants. Mais cela sera-t-il suffisant ?
La leçon de ces 40 dernières années est toujours présente dans les esprits, chez les couples comme les employeurs. Cette leçon, c’est bien sûr la politique de l’enfant unique, instaurée en 1979 pour empêcher une augmentation trop importante de la population qui aurait fragilisé le développement économique. On estime qu’elle a empêché 400 millions de bébés de voir le jour, parfois au moyen de l’avortement. La croissance économique, qui a sorti des millions de familles de la pauvreté, a également apporté de profondes modifications sociales. Désormais, faire un enfant n’a plus le même sens en Chine.
La politique de l’enfant unique est devenue la culture de l’enfant unique
L’assouplissement de cette règle a commencé en 2014 avec l’autorisation pour certains couples d’avoir plus d’un enfant. Puis, l’autorisation a été élargie à tous les couples deux ans plus tard. Dans un premier temps, on a bien constaté une reprise des naissances… mais celle-ci est vite retombée, et le taux de natalité poursuit désormais son déclin. Un an après la suppression par le président Xi de la politique de l’enfant unique en 2016, le nombre de naissances est tombé à 17,23 millions, contre 17,86 millions l’année précédente.
La raison ? Les hommes et les femmes priorisent leur carrière au détriment des enfants, et les sondages montrent que les Chinoises qui n’envisagent d’avoir qu’un seul enfant sont de plus en plus nombreuses.
Si cela continue ainsi, le pays sera bientôt confronté à un vieillissement de sa population de 1,4 milliard d’individus, qui générera lui-même des problèmes de main-d’œuvre et de financement des retraites. Déjà, les chiffres préliminaires pour 2018 montrent un déclin continu de la natalité : la situation devient alarmante pour le Parti communiste chinois, qui envisage d’abolir toutes les restrictions sur les naissances.
Les employeurs ont des efforts à faire
Le problème réside en partie du côté des employeurs, très réticents à l’idée de payer un ou deux congés maternité par employée. À cause de cela, les femmes sont désavantagées dans leurs recherches d’emploi, et doivent parfois promettre de ne pas tomber enceinte durant les premières années à leur poste. Celles qui décident d’avoir un enfant sont souvent rétrogradées après leur congé maternité, et voient leur salaire réduit, quand elles ne sont pas licenciées.
Ironiquement, les responsables sont ces mêmes entreprises seront bientôt les victimes d’une pénurie de main-d’œuvre, qu’ils auront contribué à créer, si la natalité continue de diminuer. « Bien que la loi garantisse les droits au travail des femmes enceintes, les employeurs, qui doivent en supporter les coûts, répercutent ces coûts sur leurs employées », déplore M. Shen. Maohua, un commentateur en ligne populaire.
Ces désavantages des femmes sur le marché de l’emploi et dans leurs carrières professionnelles, conjugués aux coûts élevés de l’éducation, de la santé et du logement, ainsi qu’au faible accès aux crèches, n’incitent pas les Chinois à avoir plus d’enfants. Il faudra faire encore des efforts dans ces domaines pour encourager la natalité, en plus de la suppression du contrôle des naissances.