Chaque seconde dans le monde, 5 personnes de plus rejoignent la classe moyenne, c’est à dire le groupe des personnes qui gagnent entre 11 et 110 dollars par jour. Pour la première fois de l’histoire, plus de la moitié de la population mondiale vit dans des ménages qui gagnent suffisamment pour être classés dans les classes moyennes ou supérieures.
C’est ce qui ressort d’une étude menée par l’O.N.G. viennoise World Data Lab, qui a compilé les données concernant les revenus et les dépenses des ménages de 188 gouvernements. Elle conclut que la classe moyenne mondiale se compose de 3,59 milliards de personnes, et qu’elle devrait rassembler 5,3 milliards de personnes d’ici 2030.
L’Asie
Près de 90 % de cette nouvelle classe moyenne vit en Asie. La classe moyenne africaine ne progresse quant à elle que très lentement, parce que dans certains grands pays tels que le Nigéria et la République démocratique du Congo, les populations se développent plus rapidement que la capacité de leur économie à les sortir de la pauvreté.
« Ce jalon est important, car la classe moyenne est le moteur des économies modernes », dit Kristofer Hamel, directeur général de World Data Lab. Il affirme que la croissance rapide de la classe moyenne aura d’importantes implications économiques et politiques, car les gens deviendront plus exigeants vis-à-vis des entreprises et des gouvernements.
Près de la moitié de la demande mondiale provient de la consommation des ménages, et près de la moitié de cette dernière provient de la classe moyenne. « Ces personnes sont celles qui dépensent le plus sur les choses produites par l’économie. Les services de transport, la grande variété de produits de consommation, les produits alimentaires et financiers sont d’une manière générale conçue pour être fournis aux personnes qui peuvent se permettre de dépenser un certain montant et qui ont une large variété de besoins ».
Des implications importantes pour les entreprises et les politiciens
Homi Kharas, un associé de la Brookings Institution qui a mené ces travaux de recherche, confirme qu’il ne s’agit pas d’une bonne nouvelle pour les multinationales : « Lorsqu’il y a plus d’opportunités, il y a plus de concurrence. La plupart des multinationales ont tendance à offrir un produit similaire partout, et l’une des choses qui distinguent la classe moyenne, c’est qu’elle adore la différenciation des produits ». « Si vous voulez réussir dans le monde d’aujourd’hui, vous devez vous assurer que ce que vous faites plaît aux Asiatiques », ajoute-t-il.
Cette évolution aura également des conséquences pour les politiciens, car elle implique que l’influence de la classe moyenne se développe. Selon Kharas, on peut déjà voir ce changement au Brésil, où une élection présidentielle aura lieu ce dimanche : « La classe moyenne en a marre de la corruption, des services publics de mauvaise qualité, et a régulièrement opté pour des changements dans le gouvernement. Mais elle n’a toujours pas trouvé quelque chose qui lui convenait ».