Le Nouvelle-Zélande en voie de devenir le premier pays 100% non-fumeur

Le Nouvelle-Zélande compte devenir le premier pays sans fumeurs, et ce dès les prochaines années. Les nouvelles lois qui vont entrer en vigueur doivent garantir que tout adolescent âgé actuellement de 14 ans ou moins n’aura jamais l’occasion de s’essayer à la cigarette. Mais la version électronique passe entre les mailles du filet.

C’est une discussion qui pointe plus ou moins timidement dans certains pays depuis quelques années, mais que la Nouvelle-Zélande a décidée d’aborder frontalement : l’interdiction totale de la cigarette. Le pays vient d’approuver une série de lois qui garantira que les prochaines générations, à commencer par les jeunes aujourd’hui âgés de 14 ans, n’aient plus jamais un accès légal au tabac.

Des clopes impayables

Introduites en 2022, les lois « Smokefree » entreront en vigueur dès l’année suivante : l’âge légal pour acheter du tabac sera relevé d’un an chaque année, alors qu’il est déjà fixé à 18 ans depuis 1997. En outre, le gouvernement a annoncé qu’il ferait régulièrement grimper les prix, pour tenter d’atteindre son objectif de rendre le pays entièrement non-fumeur dans les quatre prochaines années. D’autres mesures comprennent la réduction de la quantité légale de nicotine dans les produits du tabac à des niveaux très bas afin de réduire la dépendance, la réduction du nombre de magasins où les cigarettes peuvent être vendues légalement et l’augmentation du financement des services de lutte contre la dépendance.

« C’est un jour historique pour la santé de notre peuple » a proclamé la ministre associée à la Santé, la docteure Ayesha Verrall. « Nous voulons nous assurer que les jeunes ne commenceront jamais à fumer. Nous allons donc ériger en infraction la vente ou la fourniture de produits à fumer du tabac à de nouvelles cohortes de jeunes. Les personnes âgées de 14 ans au moment de l’entrée en vigueur de la loi ne pourront jamais acheter légalement du tabac. »

Des grandes variations sociales et culturelles

La Nouvelle-Zélande est déjà un pays fort avancé dans son affranchissement du tabac : les habitants n’étaient plus que 11,6% à fumer en 2018, contre encore 18% dix ans plus tôt. Mais derrière ce chiffre national se cache de grandes disparités, car les Maoris et les Polynésiens du pays sont bien plus nombreux à fumer : respectivement 29 et 18%. « Si rien ne change, il faudra des décennies pour que le taux de tabagisme des Maoris passe sous la barre des 5 % a rappelé Mme Verrall. « En fait, nous sommes sur la bonne voie pour la population européenne de Nouvelle-Zélande. Le problème est que, si nous ne changeons pas ce que nous faisons, nous n’y arriverons pas pour les Maoris – et c’est sur cela que le plan est vraiment axé. »

Si le plan du gouvernement semble plutôt soutenu par le public, quelques réserves ont toutefois été exprimées, comme la crainte que ne se développe un marché noir, mais aussi la pertinence de réduire le taux de nicotine des cigarettes. Car pour atteindre des doses susceptibles de satisfaire leur dépendance, les fumeurs risquent de multiplier les doses, et donc de fumer plus de cigarettes par jour. Une conséquence nocive pour leurs poumons, mais qui risque aussi d’impacter dangereusement le pouvoir d’achat des plus pauvres, à fortiori si les prix grimpent encore.

L’électronique, c’est un peu trop fantastique

Les vapoteuses et autres cigarettes électroniques resteront toutefois autorisées en Nouvelle-Zélande. Selon une étude récente portant sur 19.000 étudiants de l’équivalent du secondaire, ils étaient 20% à user régulièrement de la cigarette électronique, généralement à de très fortes doses de nicotine. Soit bien plus que le nombre de vrais fumeurs réguliers dans la même tranche d’âge : ceux-là n’étaient que 13%, il y a déjà 10 ans, et les 15-17 ans n’étaient plus que 3% à fumer de vraies clopes en 2018.

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