Le monde est confronté à une surproduction de sucre

Le sucre est probablement voué à devenir le produit le moins performant sur le marché des matière premières  en 2018. Et pour cause : le monde est confronté à une surproduction de sucre, en raison du ralentissement de la croissance de la demande, et de la hausse de la production.

Les campagnes anti-sucre ont produit leurs effets, et désormais, les consommateurs veulent limiter leur absorption de sucre pour protéger leur santé. Les producteurs d’agroalimentaire, des fabricants de sodas aux confiseurs en passant par les producteurs de fruits en conserve, l’ont bien compris, et ont tous allégé leurs produits en sucre. Ainsi, même si la consommation mondiale de sucre continue de croître, son rythme s’est ralenti, passant de 1,7 % au cours de la dernière décennie à 1,4 % plus récemment.

L’Inde et le Brésil

D’un autre côté, la production mondiale de sucre est en forte hausse, surtout en Inde, le second producteur mondial. Selon l’Indian Sugar Mills Association, les producteurs de sucre indiens ont produit près de 32 millions de tonnes de sucre cette année, soit 58 % de plus que l’année dernière.

Au Brésil, la surproduction d’éthanol dans un contexte de chute des cours du biocarburant devait inciter les producteurs de canne à sucre à envoyer leurs récoltes de canne dans les sucreries, plutôt que dans les usines de carburant végétal. Mais avec des cours du sucre brut à moins de 11 cents d’euro la livre à la bourse de New York, et des coûts de production variant de 11,5 à 13 cents dans le centre-sud du Brésil, les voilà maintenant contraints de trouver d’autres débouchés pour leur canne à sucre. Souvent, celle-ci retrouve le chemin des raffineries d’éthanol.

Selon le ministère américain de l’Agriculture, les stocks de sucre devraient donc atteindre leur niveau maximum cette année, et demeurer proches de ce niveau l’année prochaine. À la bourse de New York, le cours du sucre s’est effondré de 25 % en 2018, la pire performance pour les matières premières, selon le Bloomberg Commodity Index.

La production mondiale devrait surpasser de près de 20 millions de tonnes la demande à la fin de l’année s’achevant le 30 septembre prochain. Un tel surplus suffirait à approvisionner la Chine, le plus gros importateur de sucre du monde, pendant une année entière.

Les caprices du climat pourraient changer la donne…ou non

Néanmoins, cet état de choses pourrait changer, à la faveur de conditions climatiques plus difficiles. La plus grosse région productrice du Brésil, au sud du pays, est actuellement frappée par la sécheresse. De même, le phénomène climatique El Niño pourrait être préjudiciable aux récoltes en Asie.

Malgré tout, selon certains experts, le désamour pour le sucre est voué à durer, compte tenu que tous les facteurs qui ont contribué à faire baisser la demande n’ont fait que s’intensifier au cours des dernières années. « Nous devons nous préparer à une longue période avec des surplus très importants. C’est la 4e ou 5e année de ce marché baissier », rappelle ainsi Frank Jenkins, président de JSG Commodities un trader américain spécialisé dans les cours des matières premières.

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