La ministre de la Défense Ludivine Dedonder (PS), ainsi que le Premier ministre Alexander De Croo (Open Vld), sont venus s’expliquer ce jeudi à la Chambre sur l’affaire Jürgen Conings, ce militaire qui fait l’objet d’une chasse à l’homme depuis plus de 48 heures.
Devant la Chambre, Ludivine Dedonder a commencé par refaire l’historique récent de Jürgen Conings. C’est en 2019 que celui-ci a été repéré pour sa proximité avec la mouvance d’extrême droite, a-t-elle dit, dans des propos rapportés par Le Soir. À cause de propos racistes tenus en ligne, la Défense avait porté plainte contre lui à l’été 2020. Une plainte classée sans suite par le parquet.
S’en est suivi une mise à pied de 4 jours pour le militaire, assortie d’une réaffectation au service logistique en charge des pré-opérations… Une rétrogradation qui a permis à Jürgen Conings d’avoir accès aux armes de guerre qu’il a emporté dans sa cavale.
‘Dès que ces comportements sont apparus, ce militaire n’aurait plus dû avoir accès à ces armes et aurait dû faire l’objet d’un contrôle plus strict’, a reconnu Ludivine Dedonder.
La ministre de la Défense a poursuivi en affirmant ‘qu’à court terme, des mesures strictes seront prises, comme des interdictions d’accès à certains quartiers ou aux chambres d’armes, des suspensions et des licenciements.’
‘Je suis résolue à agir fermement face à ces militaires qui sont injurieux, sexistes ou racistes. Il n’y a pas de place à la Défense pour des extrémistes’, a également assuré Ludivine Dedonder.
‘Inacceptable!’
De son côté, le Premier ministre a expliqué que l’enquête est aujourd’hui entre les mains du procureur fédéral, rapporte La Libre. ‘L’OCAM a analysé la situation et a décidé de passer en niveau 4’, a-t-il poursuivi. ‘Les contrôles internes à la Défense doivent être durcis. Il est inacceptable qu’une personne considérée comme potentiellement dangereuse ait accès à de telles armes. C’est inacceptable ! Nous nous attendons à ce que la Défense puisse prendre acte le plus rapidement possible.’
Et Alexander De Croo de conclure: ‘Nous nous rendons compte que la menace provenant de l’extrême droite est de plus en plus présente dans notre pays. Mais il n’y a pas de place pour les discours haineux dans notre société, qu’il s’agisse de virologues, de scientifiques, d’adversaires politiques… C’est quelque chose que la société ne peut accepter.’
‘C’est comme si on avait demandé à un pyromane de garder un bidon d’essence’
Avant cela, les parlementaires n’ont pas hésité à faire part de leur stupéfaction:
‘Il est légitime de se poser des questions quant au fait que ce militaire ait eu accès à des armes lourdes, c’est comme si on avait demandé à un pyromane de garder un bidon d’essence’, a déclaré Steven Matheï (CD&V).
‘N’estimez-vous pas qu’il existe un réel problème dans les échanges d’informations entre la Sûreté de l’Etat et les services militaires?’, a demandé François De Smet (DéFi) au Premier ministre.
‘C’est très interpellant de savoir qu’il avait assez d’armes pour organiser une petite guérilla’, a soulevé le député écologiste Guillaume Defossé.
‘Dois-je en rire ou en pleurer? Nous sommes face à un militaire tellement entraîné que l’armée n’arrive pas à le retrouver’, a de son côté ironisé le député indépendant Jean-Marie Dedecker.
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