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Le match entre Charles Michel et Ursula von der Leyen se poursuit

Le match entre Charles Michel et Ursula von der Leyen se poursuit
Charles Michel & Ursula von der Leyen – Leon Neal, HATIM KAGHAT/BELGA MAG/AFP via Getty Images

L’explosion à proximité d’un hôpital à Gaza a suscité de nombreuses réactions politiques, parfois de manière précipitée, au vu des nouveaux éléments qui ont émergé durant la journée de mercredi. Dans les coulisses européennes, la guerre israélo-palestinienne sert de toile de fond à un affrontement sans merci, entre deux personnes qui se détestent politiquement.

  • « Nous avons été informés de cette situation lors de notre réunion virtuelle avec les leaders de l’UE. L’agression semble avérée. S’attaquer à une infrastructure civile viole le droit international », a fermement déclaré Charles Michel dès le mardi soir. Le lendemain, dans un message sur X, le président de Conseil européen se montrait plus nuancé : « Il est impératif que tous les faits entourant cet incident fassent l’objet d’une enquête approfondie et que les responsables soient tenus pour responsables. » Il appelait surtout les deux partis à « permettre sans délai l’accès à l’aide humanitaire dans la bande de Gaza ».
  • Avec cette dernière déclaration, Michel semble avoir pris le dessus sur Ursula von der Leyen politiquement. Depuis plusieurs jours se joue la question de savoir qui est vraiment la voix de l’Europe dans ce conflit. Suite à sa visite en Israël, von der Leyen avait exprimé son soutien inconditionnel à Israël et à sa manière de gérer le conflit, sans évoquer la situation des Palestiniens à Gaza. De plus, elle était totalement sortie de ses prérogatives : en tant que présidente de la Commission européenne, elle n’a pas le pouvoir de parler au nom de tous les États membres de l’UE. Ce rôle est dévolu aux pays eux-mêmes ou au Haut représentant de l’UE pour les affaires étrangères, Josep Borrell.
  • Charles Michel y a vu une opportunité pour affaiblir son ennemie jurée : le président du Conseil européen a convoqué hier les dirigeants des États membres pour établir une position commune sur ce conflit. Une telle démarche était indispensable après les frictions internes de la semaine passée. L’Union met désormais davantage l’accent sur les souffrances palestiniennes, une démarche apparemment essentielle pour une réconciliation et pour maintenir de bonnes relations entre l’Europe et les pays du Sud. Fait notable, lors de la conférence de presse qui a suivi cette réunion, Charles Michel et Ursula von der Leyen ne partageaient pas le même podium, l’Allemande étant visiblement dans une autre pièce des institutions européennes.

Une leçon pour tout le monde

  • Dans sa première réaction, sur les réseaux sociaux, von der Leyen n’a pas fait mention de l’aide humanitaire : « L’attaque contre l’hôpital Al-Ahli et le lourd bilan m’attristent profondément. Frapper un hôpital avec du personnel médical et des civils est inexcusable. Les faits doivent être établis et les coupables doivent répondre de leurs actes », a-t-elle écrit sur X. Dans son allocution devant le Parlement européen hier matin, elle a également souligné la « terreur du Hamas ayant entraîné Israël et la Palestine dans un nouveau cycle de violence. »
  • En Belgique aussi, des voix se sont élevées suite à cet incident. La ministre des Affaires étrangères, Hadja Lahbib (MR), a tout de suite montré une certaine prudence vis-à-vis des informations diffusées par le Hamas, dès le mardi soir : « Les civils ne doivent pas être pris pour cible, ni servir d’otages ou de boucliers. » Ce tweet lui a valu plusieurs réactions négatives, notamment de la part de mandataires écologistes, qui voyaient Israël comme responsable évident de l’attaque.
  • Cette vérité évidente ne l’était plus du tout hier, de nombreux éléments remettant en cause les accusations du Hamas. Ce jeudi, il ne ressort aucune certitude, et une enquête indépendante et internationale est de toute façon exclue pour le moment. Mais cette séquence devra servir de leçon, aussi bien aux grands médias qui ont repris en chœur une dépêche internationale de l’AFP sans la moindre vérification, qu’aux politiques qui se sont précipités.

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