Le Japon mise sur les premiers porte-conteneurs autopropulsés du monde pour maintenir la compétitivité de son économie vieillissante.
Au cours des trois dernières semaines, des sociétés de fret japonaises ont mis à l’eau deux des premiers porte-conteneurs entièrement autopropulsés au monde. Le premier, le navire de 95 mètres Mikage, a parcouru une distance de 161 miles nautiques entre Tsuruga et Sakai fin janvier, rapporte Quartz.
Le navire utilise son radar, ses capteurs, ses caméras et ses systèmes satellites pour naviguer de manière autonome. En fait, le navire accoste entièrement seul, en utilisant des drones pour larguer des cordes afin que les dockers puissent ancrer le navire. Un deuxième navire autopropulsé, le Suzaka, a fait un voyage entre la baie de Tokyo et la baie d’Ise le 5 février.
Un partenariat entre la Nippon Foundation, une organisation à but non lucratif, la compagnie de fret Mitsui Lines et la société publique Japan Railway Construction expérimente depuis un certain temps déjà des ferries, des cargos et même des camions amphibies autopilotés. Grâce à cette technologie, le partenariat espère que le Japon ne verra pas s’échapper des affaires rentables à cause de sa démographie vieillissante.
Le Japon bat la Scandinavie
La Norvège et la Finlande auraient manqué de peu cette première mondiale. Le navire norvégien Yara Birkeland, par exemple, a effectué son voyage inaugural en novembre 2021, mais avec un équipage humain à bord. En 2018, les deux pays nordiques avaient également testé des ferries autopropulsés. Mais aucun pays n’avait encore réussi à mettre des porte-conteneurs autonomes en haute mer.
Le fait que le Japon prenne l’initiative de lancer des navires autopropulsés cette année a tout à voir avec le vieillissement de la population évoqué précédemment. Le secteur japonais du transport de marchandises est confronté à une pénurie de travailleurs de plus en plus criante. Selon la Nippon Foundation, ce problème ne fera que s’aggraver à l’avenir. Les grandes compagnies maritimes internationales seraient également confrontées à l’épuisement des marins qui ont passé trop de temps en mer lors des blocus des ports au niveau mondial pendant la pandémie de Covid-19.
Le patron de Maersk ne voit pas la technologie devenir efficace de sitôt
Pourtant, le coût des travailleurs reste extrêmement faible pour les entreprises de fret par rapport aux sommes dépensées en carburant, en entretien et autres coûts opérationnels, signale Quartz. Par exemple, Hapag-Lloyd, la cinquième compagnie mondiale de transport par conteneurs, dépense 15 fois moins en salaires que pour l’entretien de ses cargos.
En d’autres termes, les compagnies de fret ne peuvent pas encore gagner beaucoup en lançant des navires autopropulsés. Le PDG de Maersk, Søren Skou, a d’ailleurs déclaré à l’agence de presse Bloomberg en 2018 qu’il ne s’attend pas à ce que d’énormes porte-conteneurs soient autorisés à naviguer sans équipage humain à bord pour le moment. « Je ne pense pas que cela va favoriser l’efficacité, pas de mon temps », conclut le patron de la plus grande compagnie de transport par conteneurs du monde.