“Le hijab est la solution aux problèmes du type #MeToo”

Le guide suprême iranien, l’ayatollah Khamenei, a publié une vidéo sur les réseaux sociaux mercredi dans laquelle il affirme que l’islam permet de répondre aux problèmes de harcèlement et d’agression sexuelle auxquels les femmes occidentales sont confrontées.

Sur son compte Twitter, Khamenei a posté un message intitulé : « Le désastre des innombrables agressions sexuelles sur les femmes occidentales, y compris les incidents qui ont mené à la campagne #MeToo et la proposition de solution de l’islam ».

« Le hijab donne aux femmes la liberté et l’identité »

Dans le tweet, Khamenei a joint une vidéo montrant des images de certaines des personnalités publiques qui se sont récemment plaintes d’avoir été victimes de harcèlement ou d’agressions sexuels au travail au cours de l’année dernière.

Dans cette vidéo, il affirme qu’il existe une solution imparable contre ce type de comportement : le port du hijab, le foulard que les femmes doivent porter en public, qui couvre la tête, le cou et dissimule les cheveux. « En introduisant le hijab, l’islam a fermé la porte à une voie qui aurait entraîné des femmes vers de telles déviations », affirme la vidéo. « Le hijab donne aux femmes la liberté et l’identité », ajoute-t-elle.

Le tweet fournit également le lien vers un article reprenant certaines des déclarations du dirigeant iranien concernant les femmes et l’islam. « Au cours des centaines d’années d’oppression que la civilisation patriarcale occidentale a imposée au sexe féminin, et particulièrement aux femmes occidentales, quelques mouvements ont été lancés par des femmes pour raviver leurs droits », énonce ce cet article dans son introduction.

Un code vestimentaire de plus en plus contesté

Depuis la révolution de 1979, la loi iranienne oblige les citoyennes du pays à porter le hijab en public, et le tchador, un vêtement noir prescrit par l’islam, censé couvrir leur corps de la tête aux pieds. Les autorités iraniennes ont régulièrement eu recours à la menace de châtiments corporels ou de prison pour contraindre les femmes à respecter ce code vestimentaire. Elles ont institué des patrouilles de la moralité, « Ershad » en Perse, ou guidance, qui apparaissent de façon inopinée dans les rues pour contrôler les tenues vestimentaires des badauds. Elles ont le pouvoir de donner des avertissements, mais aussi de sanctionner les contrevenants. 

mais ces dernières années, de plus en plus de femmes ont pris des libertés avec cette règle, et arborent un voile moins couvrant dans les rues, tandis que d’autres portent des jeans ajustés et des manteaux à la mode. 

Depuis quelques mois, le port du hijab fait même l’objet d’une contestation grandissante, et plusieurs femmes ont posté des photos d’elles tête découverte, brandissant leur hijab. 

Un « timing » opportun… ou non

La publication de l’ayatollah Khamenei intervient alors que des critiques se multiplient concernant les mesures de répression que le régime iranien a infligé à ces femmes, et des avocats qui ont pris leur défense, tels Nasrin Sotoudeh, qui a été incarcérée récemment pour cette raison.

Deux jours plus tôt, le régime iranien avait procédé à l’exécution d’une femme de 24 ans, apparemment victime de violences conjugales alors qu’elle était encore mineure, et qui était accusée d’avoir tué son mari. Elle a affirmé avoir avoué ce meurtre sous la contrainte, et affirmé à un juge que le meurtrier était en fait le frère de son mari, dont elle avait affirmé qu’il l’avait violée à plusieurs reprises.

Des groupes de défense des droits et les défenseurs des droits des femmes accusent souvent le régime iranien de traiter les femmes comme des citoyens de seconde classe les empêchant de se déplacer sans le consentement de parents de sexe masculin et en leur refusant une égalité de traitement avec les hommes en ce qui concerne la propriété, le mariage, le divorce et la garde des enfants.

“Si Khamenei, symbole de la répression des femmes en Iran, se concentrait sur les harceleurs au lieu de blâmer les femmes, alors les Iraniennes seraient plus courageuses et se sentiraient plus libres de parler des cas de harcèlement sexuel qui ont lieu dans le pays », a déclaré Masih Alinejad, une militante iranienne exilée qui s’oppose au port obligatoire du hijab, et qui anime l’émission Tablet de la chaîne Voice of America.

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