Principaux renseignements
- Le groupe hongrois MOL vise à cesser de dépendre de Moscou en obtenant un financement de l’UE pour passer à d’autres importateurs.
- Les raffineries hongroises pourraient fonctionner indépendamment du brut russe d’ici à la fin de 2026, mais l’aide financière de l’UE est nécessaire pour adapter les raffineries au traitement de différents types de brut.
- L’adaptation des raffineries de MOL coûte 500 millions de dollars et la société propose de recevoir « quelques centaines de millions » d’aide de l’UE.
Le groupe MOL, seul raffineur hongrois de brut russe, souhaite cesser de dépendre de Moscou en obtenant un financement de l’UE pour passer à d’autres importateurs. György Bacsa, vice-président exécutif de MOL pour les opérations stratégiques, a souligné la volonté de l’entreprise de diversifier ses sources de pétrole avant l’échéance de 2027 fixée par l’UE pour mettre fin aux achats de pétrole russe. Ceci est rapporté par Politico.
M. Bacsa a prévu que les raffineries hongroises pourraient fonctionner indépendamment du brut russe d’ici la fin de 2026. Il a toutefois souligné la nécessité d’une aide financière de l’UE, citant le prix de 500 millions de dollars associé à l’adaptation des raffineries de MOL pour traiter différents types de pétrole brut. M. Bacsa a proposé de recevoir « quelques centaines de millions » d’aide de l’UE pour faciliter cette transition.
Les défis de la transition
MOL possède également des raffineries traitant du brut russe en Slovaquie. Actuellement, ces opérations ne sont pas éligibles à l’aide de l’UE malgré leur importance dans le découplage de l’approvisionnement russe et la garantie de la sécurité de l’approvisionnement. M. Bacsa a déploré l’absence de soutien financier, déclarant que MOL avance à son propre rythme et dans le cadre de ses contraintes budgétaires.
La Hongrie est l’un des rares pays de l’UE autorisés à importer du pétrole russe. Alors que l’Union a mis en place une interdiction des importations maritimes en 2022, elle a accordé des dérogations pour le pétrole acheminé par oléoduc vers des pays comme la Hongrie qui dépendent fortement de l’approvisionnement de Moscou. Cette exception temporaire a suscité des critiques, car la Hongrie s’est montrée peu encline à réduire sa dépendance à l’égard du pétrole russe, et l’a même renforcée.
Pression de l’UE et disparités régionales
M. Bacsa s’est dit préoccupé par le fait que l’UE pourrait imposer une date d’expiration définitive ou prendre des mesures plus strictes dans l’intervalle. Il a souligné le risque que la dérogation temporaire expire sans qu’une solution viable à long terme soit trouvée pour l’approvisionnement en pétrole brut à des prix compétitifs.
L’engagement pris par le prochain responsable de l’énergie de présenter une feuille de route pour mettre fin aux derniers achats de combustibles fossiles russes par l’Union européenne ne fait qu’ajouter à ces inquiétudes. M. Bacsa a souligné que ce plan devait tenir compte des disparités régionales dans la dépendance de l’UE à l’égard des importations, en insistant sur les défis uniques auxquels sont confrontés des pays comme la Slovaquie et la Hongrie. Il a critiqué l’apparente facilité avec laquelle les pays d’Europe occidentale, tels que le Danemark, perçoivent cette transition.
Importations et contrats en cours
Dans le contexte actuel, Budapest reste fortement tributaire de Moscou pour ses besoins énergétiques. Alors que les pays d’Europe centrale comme la République tchèque ont considérablement réduit leurs importations de brut russe, la Hongrie a nettement augmenté ses achats de carburant auprès de la Russie. En outre, la Hongrie a conclu de nouveaux accords avec Gazprom, la principale société russe d’exportation de gaz, pour des approvisionnements à durée limitée.
MOL a un contrat en cours avec Lukoil, l’une des plus grandes compagnies pétrolières privées de Russie, pour la fourniture de pétrole brut. Ce contrat expire en juin 2025. Selon Bacsa, l’entreprise est disposée à prolonger ce contrat, à condition que la législation le permette.
Incertitude et implications futures
La poursuite des importations est en partie attribuée aux prix réduits que la Hongrie obtient sur le brut russe, selon les experts. Fitch Ratings rapporte que le gouvernement hongrois possède indirectement près d’un tiers des actions de MOL et a imposé des taxes exceptionnelles à l’entreprise, générant des milliards pour soutenir le budget du pays.
En juillet, cet arrangement a pu être compliqué par les sanctions prises par l’Ukraine à l’encontre de Lukoil. Celles-ci ont empêché la société d’utiliser le territoire ukrainien pour transporter des fournitures, ce qui a exercé une pression sur l’exécution des contrats de MOL. Cependant, MOL a résolu ce problème en concluant un accord avec l’approbation de l’Ukraine pour prendre en charge la propriété du pétrole russe lorsqu’il entre en Ukraine.
Cette stratégie pourrait toutefois s’avérer insuffisante pour l’UE. Un document d’information préparé pour le nouveau commissaire à l’énergie, Dan Jørgensen, indique qu’il pourrait classer les importations de MOL via l’Ukraine dans la catégorie du pétrole russe. La Commission européenne n’a pas encore répondu à une demande de commentaire à ce sujet.
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