Le groupe de réflexion du Kremlin met en garde contre une crise bancaire russe potentielle d’ici 2026


Principaux renseignements

  • Un groupe de réflexion soutenu par le Kremlin avertit que la Russie pourrait être confrontée à une crise bancaire d’ici la fin de l’année 2026.
  • La prévention de cette crise pourrait nécessiter une intervention importante, notamment la restructuration ou la nationalisation de plus de 10 pour cent des banques ou l’apport d’un soutien financier substantiel.
  • Bien que la banque centrale rejette ces préoccupations, les analystes reconnaissent la possibilité d’une augmentation des prêts à problèmes, mais estiment qu’une crise systémique est peu probable en raison des tampons bancaires et des réglementations strictes.

Un groupe de réflexion soutenu par le Kremlin a lancé un avertissement selon lequel la Russie pourrait connaître une crise bancaire systémique d’ici la fin de l’année 2026 si les tendances actuelles se poursuivent. Selon le Center for Macroeconomic Analysis and Short-Term Forecasting (CMASF), cette crise pourrait survenir si les actifs problématiques dans le système bancaire dépassent 10 pour cent ou si des retraits de dépôts à grande échelle se produisent.

Intervention nécessaire

La prévention d’une telle crise nécessiterait une intervention importante, notamment la restructuration ou la nationalisation de plus de 10 pour cent des banques ou la fourniture d’un soutien financier équivalent à plus de 2 pour cent du PIB. Le CMASF estime que la probabilité que ce scénario se concrétise d’ici 2026 est « moyenne ».

Un indicateur alarmant est l’augmentation rapide des prêts en souffrance, c’est-à-dire des prêts échus depuis plus de 90 jours. Les données du Scoring Bureau montrent une augmentation substantielle de ces prêts, atteignant 2,3 billions de roubles (25,5 milliards d’euros) en octobre.

Dégradation de la qualité des prêts

Renat Akhmetov, expert du CMASF, souligne la détérioration de la qualité des prêts à la consommation non garantis émis à des taux d’intérêt élevés à la fin de l’année 2023 et au début de l’année 2024. Il identifie également des risques émergents dans les prêts hypothécaires plus anciens contractés pendant le pic de demande de programmes subventionnés.

Akhmetov souligne qu’une part importante des créances douteuses est masquée par les restructurations de prêts, qui ont totalisé environ 2,4 billions de roubles (26,6 milliards d’euros) entre 2022 et 2025.

Risques du secteur des entreprises

Dans le secteur des entreprises, un cinquième des prêts aux petites et moyennes entreprises avaient été restructurés à la fin du troisième trimestre 2025. Akhmetov prévient que la détérioration des conditions financières de certaines entreprises et la baisse des revenus des secteurs orientés vers l’exportation en raison d’une demande extérieure plus faible pourraient déclencher une vague de « créances douteuses » dans le secteur des entreprises à partir de la fin de 2026.

Alors que le CMASF soulève des inquiétudes, la banque centrale de Russie rejette ces avertissements, déclarant qu’il n’y a pas de raisons de craindre une crise bancaire. Elle souligne la couverture élevée des réserves pour les prêts à la consommation non garantis en souffrance et les faibles taux de prêts non performants dans le portefeuille des entreprises. La banque centrale met également l’accent sur son approche réglementaire stricte, qui constitue un facteur d’atténuation de l’accumulation des risques.

Perspective des analystes

Igor Dodonov, analyste chez Finam, reconnaît toutefois la possibilité d’une nouvelle augmentation des prêts à problèmes, mais estime qu’il est peu probable qu’elle déclenche une crise systémique. Il cite les réserves substantielles constituées par les banques ces dernières années et le cadre réglementaire rigoureux de la banque centrale comme des facteurs contribuant à la stabilité.

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