Le gouvernement britannique a déballé vendredi dernier des réductions d’impôts historiques. Les investisseurs, quant à eux, ont déjà indiqué qu’ils n’étaient pas très favorables à ces mesures de soutien budgétaire. Même le Fonds monétaire international (FMI) émet désormais des critiques. Et notre pays est le mieux placé pour écouter ce que l’organisation des Nations unies a à dire.
Kwasi Kwarteng, le ministre britannique des Finances, a annoncé vendredi dernier des réductions d’impôts sans précédent. Entre autres choses, le gouvernement Truss a annulé l’augmentation de l’impôt sur les sociétés et s’est débarrassé de la tranche d’imposition supérieure de 45 %.
En début de semaine, les investisseurs ont déjà fait savoir qu’ils n’étaient pas très favorables aux réductions d’impôts prévues, ce qui a entraîné une baisse du taux de change de la livre sterling et une hausse des taux d’intérêt à long terme. Ils craignent que les interventions prévues ne fassent encore augmenter l’inflation et le déficit budgétaire. Les réductions d’impôts devraient coûter plus de 105 milliards de livres au gouvernement britannique. Selon l’agence de presse Bloomberg, ce chiffre pourrait encore augmenter pour atteindre 161 milliards de livres au cours des cinq prochaines années.
Réaction brutale du FMI
Le FMI n’est pas non plus tendre avec les plans britanniques. Selon l’organisation onusienne, annoncer des mesures de soutien importantes et non ciblées est tout sauf une bonne idée. « Il est important que la politique fiscale ne soit pas en contradiction avec la politique monétaire », estime-t-elle. En effet, la Banque d’Angleterre a augmenté les taux d’intérêt lors de chacune des sept dernières réunions de politique générale afin de faire sortir des capitaux de l’économie. La politique du gouvernement britannique aboutirait exactement à l’inverse.
Le FMI prévient donc que ce n’est pas le moment de jeter de l’argent par les fenêtres. « Il est nécessaire de mettre en place des mesures de soutien ciblées », a-t-il ajouté. « Nous demandons à Kwasi Kwarteng de réévaluer le programme de soutien, notamment les mesures qui bénéficient aux personnes à hauts revenus. »
Une leçon pour la Belgique
Ray Dalio, fondateur et co-investisseur principal du plus grand fonds spéculatif du monde, Bridgewater Associates, remet également en question le programme d’aide britannique. « Le gouvernement britannique se comporte comme le gouvernement d’un pays en croissance », a-t-il écrit sur Twitter. « Le pays crée trop de dettes dans une monnaie qui n’est pas très demandée au niveau mondial ».
Il ajoute qu’il espère que d’autres pays tireront les leçons des erreurs commises par le Royaume-Uni. Difficile de ne pas songer aux gouvernements de notre pays : le fédéral a déjà été critiqué par plusieurs experts pour la trop grande dispersion des mesures de soutien, de la réduction de la TVA sur le gaz et l’électricité à la remise sur l’énergie en novembre et décembre.
Dans une colonne de De Morgen, Paul De Grauwe, professeur à la London School of Economics, écrit que le travail du gouvernement est d’assurer la prospérité des gens aujourd’hui et à l’avenir. Il note que le rendement social de tels investissements est encore aujourd’hui un multiple du coût des intérêts de la dette (2,5 %). De Grauwe souligne – comme le FMI et Dalio – qu’il ne s’agit pas d’un plaidoyer en faveur de dépenses publiques illimitées. « Mais d’utiliser efficacement les ressources que le gouvernement peut mobiliser. »
En Flandre, on attend la déclaration de septembre du Premier ministre régional Jan Jambon. Il a été contraint de la retarder parce que les partis au pouvoir ne sont pas encore parvenus à un accord sur l’indexation du paquet de croissance – l’ancienne allocation pour enfants. Le CD&V préconise l’indexation pour toutes les familles, tandis que Open VLD et N-VA sont favorables à des allocations ciblées.
MB