Le FMI prête 50 milliards de dollars à l’Argentine, ce qui en fait le plus gros prêt de l’histoire de l’Institution

Le Fonds Monétaire International (FMI) vient d’accorder une ligne de crédit de 50 milliards de dollars (environ 43 milliards d’euros) à l’Argentine, ce qui en fait le plus gros prêt de l’histoire de l’Institution. Il a été consenti pour une durée de trois ans.

Il s’agit d’un “Stand-By Arrangement”, c’est à dire, un prêt sous conditions. L’Argentine s’est immédiatement vue remettre 15 milliards de dollars (environ 13 milliards d’euros), dont la moitié seront consacrés au soutien du budget du pays. Le restant du prêt sera graduellement mobilisé au cours de ces 3 ans, sur présentation d’états financiers trimestriels. Le gouvernement argentin a indiqué qu’il allait immédiatement utiliser cette première tranche, mais qu’il utiliserait le reliquat à titre de fonds de précaution, dans lequel le pays pourra puiser en cas de nécessité.

4 objectifs

« Cet accord aujourd’hui témoigne clairement de la confiance de la communauté internationale en l’Argentine », a déclaré la patronne du FMI, Christine Lagarde. Elle précise que cette ligne de crédit a 4 objectifs :

  • L’Argentine doit atteindre l’équilibre budgétaire dès 2020
  • Elle doit réduire son inflation, la plus élevée de celles des pays du G20
  • Elle doit s’assurer que ses réformes n’ont pas de conséquences préjudiciables sur les Argentins les plus défavorisés
  • Enfin, la pression sur la balance des paiements du gouvernement doit également être atténuée.

Le taux directeur fixé à… 40%

Le gouvernement du président Mauricio Macri avait entamé des négociations avec le FMI en mai pour obtenir ce prêt, espérant ainsi éviter une nouvelle crise financière.

Peu avant, la banque centrale argentine avait augmenté son taux directeur pour la 3e fois en 8 jours, le portant au taux ahurissant de 40%. Elle espérait ainsi juguler la chute libre du peso argentin, qui a perdu plus de 32 % de sa valeur depuis le début de cette année, l’une des pires performances des marchés émergents. L’Argentine est également confrontée à une inflation galopante qui a culminé à près de 25% l’année dernière, et qui devrait encore atteindre la cible de 15% selon le gouvernement argentin, voire 19%, selon le pronostic du FMI.

Le FMI rappelle des souvenirs pénibles aux Argentins

Mais le recours au Fonds Monétaire International ne s’est pas fait de gaieté de cœur, et nombre d’Argentins ont critiqué la décision du président. En effet, beaucoup accusent l’Institution d’être responsable de l’effondrement économique de leur pays en 2001. A cette époque, elle lui avait refusé un ultime soutien financier, après avoir exigé qu’il mène 7 plans d’austérité, parce qu’il n’avait pas respecté ses objectifs d’équilibre budgétaire. Quelques mois plus tard, l’Argentine, plongée dans une épouvantable crise, avait dû se déclarer en situation d’insolvabilité, et des millions de personnes avaient basculé dans la pauvreté. En 2002, PIB argentin s’est contracté de 10,9% et 57% de la population vivaient en deçà du seuil de pauvreté.

Mais Macri se veut rassurant, expliquant qu’il veut justement éviter une réédition de cette débâcle : un nouveau prêt du FMI permettra au gouvernement de renforcer son programme de croissance et de développement, « nous donnant plus de soutien pour faire face à ce nouveau scénario international et éviter des crises comme celles que nous avons connues dans notre histoire », a-t-il dit. 

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