« The dollar is our currency, but it’s your problem.” Il s’agit d’une célèbre citation de 1971 de John Connally, ancien gouverneur du Texas et secrétaire au Trésor américain dans l’administration de Richard Nixon. Cette phrase n’a pas vraiment besoin d’être traduite et n’a rien perdu de sa vérité 51 ans plus tard. Car la mort du dollar américain, si souvent annoncée, s’est avérée prématurée à maintes reprises.
La montagne de dettes américaines s’élevait à exactement 398 milliards de dollars en 1971 ; l’année dernière, elle a atteint 29 600 milliards de dollars, soit une multiplication par 75. La dette publique américaine représente désormais 124 % du produit intérieur brut, contre 35 % en 1971. Mais son statut de monnaie de réserve offre toujours au pays une bouée de sauvetage en temps de crise. Même aujourd’hui, l’offre peut à peine répondre à la demande mondiale de dollars.

Pourtant, à moyen terme, les États-Unis risquent d’être victimes de leur propre succès. L’investisseur et gestionnaire de fonds spéculatifs Stanley Druckenmiller l’a expliqué comme suit sur la chaîne économique américaine CNBC :
« Si l’on prend en compte un taux d’intérêt de 3,8 %, ce qui franchement me semble plutôt optimiste […], d’ici 2027, la charge des intérêts de la dette engloutira à elle seule toutes les dépenses de santé ». En 2049, ils engloutiront la totalité de la sécurité sociale. »
Stanley Druckenmiller
Pourquoi la Réserve fédérale réagit-elle de manière si agressive ?
- Aux États-Unis, l’inflation, l’emploi et l’économie sont plus forts que dans d’autres grandes économies d’Europe et d’Asie.
- Cela incite la banque centrale à augmenter plus rapidement les taux d’intérêt pour tenter de maîtriser l’inflation.
- Les analystes s’attendent à ce que la Fed relève son objectif de taux d’intérêt de 150 points de base supplémentaires d’ici avril 2023.
Mais une hausse rapide des taux au cœur du système financier (en l’occurrence, les États-Unis) a un impact bien au-delà et accroît l’instabilité à la périphérie (Royaume-Uni, Union européenne, Chine et marchés émergents). La force du dollar pourrait bien créer une crise de la dette, comme pour les pays d’Amérique latine dans les années 80, a prévenu l’économiste Mohamed El Erian. Cette période a été précédée d’une forte inflation et d’une réponse tout aussi forte des banques centrales.
Et ensuite ?
- L’essentiel : les banques centrales du Royaume-Uni, de l’Union européenne, de l’Inde et d’autres marchés émergents n’ont d’autre choix que de relever les taux d’intérêt pour soutenir leur monnaie, même si les conditions locales sont beaucoup moins propices, le Royaume-Uni s’en rend compte aujourd’hui.
- Le danger : la Fed semble avoir l’impression que le fait de gonfler l’économie mondiale conduira en quelque sorte à un atterrissage en douceur pour les États-Unis.

BL