Le doigt d’honneur de Berlin aux anti-masques passe mal: la campagne est abandonnée

Si le mouvement anti-masque connaît un certain succès dans de nombreux pays du monde, il est particulièrement populaire en Allemagne. Pour le contrer, la ville de Berlin avait mis en place une campagne assez osée. Et elle n’a pas plu à tout le monde.

Suite à une recrudescence des cas de contamination au Covid-19, l’Allemagne a annoncé mercredi la mise en place de nouvelles mesures sanitaires. Ces règles concernent surtout les régions qui enregistrent plus de 35 nouvelles contaminations pour 100.000 habitants sur sept jours. Là-bas, le port du masque est devenu obligatoire partout où les gens sont proches les uns des autres pendant un certain laps de temps.

Bien décidé à faire respecter le port du masque sur son territoire, le Sénat de Berlin s’est associé à l’office du tourisme de la ville pour lancer dès mardi une campagne ‘choc’. On y voit une personne âgée adresser un doigt d’honneur. Une photo accompagnée de l’inscription ‘Un geste pour tous ceux qui n’ont pas de masque: nous, nous suivons les règles anti-corona’.

Pas au goût de tout le monde

Publiée dans les éditions berlinoises du Bild et du Tagerspiel, l’audacieuse campagne a été félicitée par certains habitants de la ville. Mais elle n’a pas plu à tout le monde, loin de là. Y voyant une illustration offensante, de nombreux internautes se sont déchaînés sur les réseaux sociaux. Le hashtag #BerlingegenCorona (Berlin contre le corona) a même vu le jour sur Twitter.

Marcel Luthe, membre du sénat de Berlin, est allé plus loin. Il a déclaré avoir déposé plainte auprès de la police. Pour lui, l’affiche incite à la haine contre tous ceux qui ne peuvent pas porter de masque, comme les jeunes enfants et les personnes souffrant de problèmes de santé.

Parmi les autres pourfendeurs de cette campagne, on retrouve Lorenz Maroldt, rédacteur en chef du Tagerspiel, journal dans lequel l’illustration est parue. D’après lui, au vu de sa gestion de la crise, le Sénat berlinois n’a aucune leçon à donner à la population. 

‘Le Sénat semble penser qu’insulter les gens est plus efficace que des règles strictes et claires et des contrôles efficaces. Ils ont complètement échoué à ce niveau-là’, a-t-il confié à la BBC.

Buzz réussi

Face à ces vives critiques, le porte-parole de l’office de tourisme de Berlin Christian Tänzler a d’abord défendu la campagne, rappelant que les anti-masques mettaient en danger la vie des personnes âgées.

‘Nous voulions attirer l’attention sur ce problème. C’est pourquoi nous avons choisi cette image provocatrice. Les Berlinois sont connus pour leur franc-parler’, déclarait-il à la BBC dans un premier temps.

Visiblement, l’office de tourisme avait surévalué la faculté des Berlinois à accepter ce genre de campagne-choc. Quelques heures après son interview, le porte-parole a annoncé que l’affiche n’apparaîtrait plus dans les journaux locaux. ‘Le but était d’attirer l’attention au maximum et de faire entendre notre message aux plus obstinés : nous avons réussi’, s’est-il félicité auprès du Tagerspiel.

Christian Täzler en a également profité pour s’excuser auprès des personnes ne pouvant pas porter le masque pour des raisons de santé qui s’étaient senties offensées par l’affiche. La campagne pour le port du masque se poursuivra, mais de façon plus soft.

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