Dans l’actu

• Un sommet bilatéral entre la France et l’Allemagne prévu ce 26 octobre a été reporté. L’Allemagne évoque un report en janvier, mais la France ne confirme pas.

Le détail

• Hormis le contexte, cette rencontre était particulièrement importante, car il aurait dû s’agir de la première rencontre présentielle en trois ans. En effet, ce sommet annuel n’a pas eu lieu en 2020 et s’est fait à distance en 2021.

L’essentiel

• Les porte-paroles des deux pays ont justifié ce report par un problème d’agenda, certains ministres allemands regrettant qu’on les prive des seules vacances scolaires avec leurs enfants, avant un certain temps.

• Dans les faits, des diplomates confirment qu’il y a de la friture sur la ligne entre les deux Nations.

• À commencer par l’énergie. Il y a d’abord eu un désaccord au niveau d’un plafonnement des prix du gaz et de l’électricité. L’Allemagne n’est pas favorable à une trop forte intervention sur les marchés et a joué sa carte personnelle, en mettant sur la table un plan national à 200 milliards d’euros. De quoi dégoûter ses voisins qui ont peur que leurs entreprises soient encore un peu plus larguées par les entreprises allemandes.

• Il y a ensuite le projet MidCat, un pipeline qui relierait l’Espagne et le Portugal à l’Allemagne, en passant par la France. Paris y voit un projet coûteux, anti-environnemental, et dont l’utilité est encore à démontrer, les infrastructures existantes ne fonctionnant pas à pleine capacité, selon Paris. L’Allemagne est prête à envisager un projet qui éviterait le territoire français, pour se passer de son avis.

• Il y a aussi un problème au niveau de la défense. Comme le développement conjoint de l’avion de combat FCAS (Future Combat Air System). Cette force doit rassembler des rafales français, des Typhoons allemands et des EF-18 Hornets espagnols. Avec un premier test en 2027 et une mise en service en 2040. Il s’agit d’une sorte de mise en commun de l’armement au niveau européen, avec de gros enjeux financiers. Forcément, dès qu’on parle d’approfondissement de la défense européenne, le grand frère de l’OTAN observe avec méfiance et il est toujours compliqué de se mettre d’accord.

• Il y a aussi le système anti-aérien et anti-missile, pour lequel l’Allemagne a rallié 14 pays de l’OTAN, dans le dos de la France. Ces pays privilégieront l’achat de matériel israélien et américain, dont le fameux Arrow 3, au détriment du matériel européen. Voilà qui rappelle les achats de F-35 par plusieurs membres de l’OTAN au détriment des Rafales français. Il n’y a jamais eu beaucoup de solidarité européenne en termes de défense. Après tout, la sécurité de l’Europe est assurée par l’OTAN et donc en grande partie par les États-Unis.

Et maintenant ?

• L’actualité à très court terme, c’est aujourd’hui et demain, avec le sommet européen de l’énergie. Emmanuel Macron et Olaf Scholz devraient s’y rencontrer.

• Au niveau européen, une sorte de compromis s’est finalement dégagé, avec un plafonnement des prix du gaz… pardon, un  « corridor de prix dynamique » qui limite les prix par le bas et par le haut dans une fourchette, pas encore déterminée.

• La plus grande mesure adoptée sera sans doute l’achat groupé comptant pour 15% du gaz acheminé en Europe. Ce qui donnera au Vieux continent une plus grande force de frappe économique auprès des producteurs.