Tensions diplomatiques et tensions gouvernementales: le fameux code couleur élaboré par les Affaires étrangères provoquent bien des remous politiques.
- ‘Pauvre Philippe Goffin (MR). Après avoir vécu un véritable chemin de croix à cause des masques, voilà qu’il doit désormais nettoyer le bazar de la Première ministre.’ Au sein du gouvernement, un collègue a formulé ces quelques mots de réconfort à l’adresse du ministre des Affaires étrangères, qui jusqu’il y a peu était relativement méconnu. L’homme, en tant que ministre de la Défense, (oui, le MR détient beaucoup de postes dans ce gouvernement), était en effet impliqué dans la vaste commande de masques effectuée par le fédéral, un dossier pour le moins agité.
- Et Goffin se retrouve désormais en première ligne suite au fameux code couleur. La Belgique utilise trois couleurs pour indiquer les destinations vers lesquelles on peut se rendre (vert), celles qui sont totalement interdites (rouge) et celles qui sont ‘déconseillées’ (orange). Cette dernière notion a été plusieurs fois modifiée, passant de ‘il est fortement recommandé de se mettre en quarantaine au retour’ à une simple ‘vigilance’.
- Mais le nœud du problème se situe dans les réactions à l’étranger, et autour de la question de savoir qui détermine ces codes. En effet, Philippe Goffin et la Première ministre Sophie Wilmès (MR) ont tous deux reçu des coups de téléphone bien sentis de la part de la part du plus haut niveau de l’État portugais (dont la capitale est en ‘rouge’), mais aussi du Luxembourg et de la Suède, cette dernière étant passée au ‘rouge’ avant d’être mise à ‘l’orange’. Et le voisin luxembourgeois, également ‘orange’, était lui aussi… rouge de colère: le pays procède actuellement à des tests massifs, ce qui explique la hausse des cas.
- Mais rattraper le coup avec l’étranger n’a rien d’une partie de plaisir pour Goffin et ses diplomates. Car si les Affaires étrangères donnent officiellement les conseils, elles n’ont rien à dire sur les couleurs: ce n’est que sur base médicale, via la Santé publique, que les différentes couleurs sont attribuées. ‘Nous recevons les critiques, pour des décisions qui sont apparemment prises chez Maggie De Block (Open Vld)’, entend-on dire dans les milieux diplomatiques.
- Ce matin, sur Radio 1, le vice-premier ministre Alexander De Croo a défendu le système: ‘Il suffit d’examiner les faits et les chiffres pour déterminer ces couleurs’, a-t-il déclaré.
- Mais un autre son de cloche se fait entendre au sein du gouvernement: ‘Nous avons averti la Première ministre qu’une méthode qui ne tient compte que des faits et des chiffres médicaux, et pas du tout d’autres avis notamment concernant l’approche choisie par les autres pays, n’était pas une bonne idée. Si le ministère des Affaires étrangères avait pu suivre tout cela et apporter son conseil, ces incidents auraient pu être évités’, nous dit une source gouvernementale.
- ‘Nous sommes la capitale de l’Europe, c’est un peu léger de se contenter d’agiter des couleurs et de ne pas penser que cela aura des répercussions.’
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