L’Occident et la Russie se jaugent depuis quelques semaines, alors que certains craignent que Moscou ne donne bientôt l’ordre d’envahir l’Ukraine. Pendant ce temps, le secrétaire général de l’OTAN a expliqué pourquoi il fallait continuer de se méfier de la puissance militaire russe… malgré une situation économique peu florissante.
Depuis quelques semaines, les puissances occidentales ont haussé le ton envers la Russie. Objectif: la dissuader d’envahir l’Ukraine. Il faut dire que des dizaines de milliers de soldats russes se massent depuis plusieurs mois à la frontière, faisant craindre le pire.
Les Etats-Unis et leurs alliés préfèrent prévenir que guérir. Sentant le danger se préciser, ils sont passés aux menaces. Des menaces d’ordre économique, avant tout. Sur la table, il y a notamment la possibilité d’annuler le projet de gazoduc Nord Stream 2. Sur le plan des menaces d’ordre militaire, les alliés occidentaux restent discrets, ne souhaitant certainement pas devoir en arriver jusque là.
« La Russie possède des armes nucléaires »
C’est dans cette atmosphère tendue que le secrétaire général de l’OTAN, Jens Stoltenberg, s’est exprimé ce jeudi sur la chaîne américaine CNBC.
« La Russie est une puissance en déclin, ce qui signifie que l’importance économique de la Russie, son PIB, n’est pas à la hauteur de celui de nombreux autres pays dans le monde. Mais même une économie en déclin et une puissance en déclin économique peuvent constituer une menace et un défi », a-t-il prévenu.
Une menace et un défi qui se matérialisent. « Notamment parce que la Russie possède des armes nucléaires. Et la Russie investit dans de nouvelles capacités militaires modernes, en déployant de nouveaux missiles hypersoniques, et aussi de nouveaux missiles à capacité nucléaire déployés ici en Europe. Nous devons donc prendre cela très au sérieux », a souligné M. Stoltenberg.
Soutien marqué à l’Ukraine
De son côté, la Russie dément catégoriquement planifier une attaque. Mais elle réclame tout de même une chose, et non des moindres: la promesse que l’Ukraine, demandeuse, ne sera pas admise au sein de l’OTAN. Car cela permettrait à l’Alliance atlantique de disposer des forces militaires juste à la frontière russe, alors qu’elle est déjà fort présente dans les pays baltes. En outre, les Ukrainiens pourraient très bien profiter du parapluie de l’OTAN pour reprendre les provinces sécessionnistes du Donbass (que le Kremlin considère comme sous sa protection) sans que les Russes ne puissent intervenir directement.
Ce jeudi, le chef de l’OTAN a justement reçu dans son siège bruxellois le président ukrainien Volodymyr Zelensky. L’occasion pour lui de rappeler que l’Alliance atlantique ne fera « aucun compromis sur le droit de l’Ukraine à choisir sa propre voie, sur le droit de l’OTAN à protéger et à défendre tous ses membres, et sur le fait que l’OTAN a un partenariat avec l’Ukraine ».
M. Stoltenberg a également qualifié les mouvements russes à la frontière ukrainienne d' »injustifiés », de « provocateurs » et de « déstabilisants », estimant qu’ils « portent atteinte à la sécurité de l’Europe ». « Toute nouvelle agression contre l’Ukraine aura de graves conséquences », a-t-il répété, reprenant le discours déjà prononcé par plusieurs membres de l’OTAN depuis quelques semaines.
« Ces dernières années, nous avons constaté que les actions agressives de la Russie se répètent. Les Alliés de l’OTAN ont démontré leur capacité à réagir. Depuis l’annexion illégale de la Crimée par la Russie en 2014, nous avons mis en œuvre le plus grand renforcement de notre défense collective depuis une génération. Et nous continuerons à faire ce qui est nécessaire pour défendre et protéger tous les Alliés de l’OTAN », a-t-il signalé.
Dans le même temps, le secrétaire général de l’OTAN a indiqué que la voie diplomatique devait être privilégiée, invitant la Russie à un Conseil autour de la question ukrainienne.