La présidente de la BCE, Christine Lagarde, a fait exactement ce que les marchés attendaient ce jeudi. Elle a renforcé le programme ‘PEPP’ de 500 milliards d’euros supplémentaires, pour atteindre le montant astronomique de 1.850 milliards, et prolongé la durée de ce programme de rachat de dette publique et privée. Mais ce genre d’annonce ne semble plus faire beaucoup d’effet.
Soyons clairs, ce n’est pas parce que les marchés s’attendaient à cette annonce qu’ils en sont satisfaits. De telles projections prennent également en compte toutes sortes de facteurs qui rendent impossible une plus action plus conséquente.
Le fait que Lagarde n’ait pas fait sortir un lapin blanc de son chapeau ne lui a certainement pas valu des applaudissements dans les salles de marché. Cela se voit dans les cours: les principaux indices boursiers européens ont basculé d’un demi-pourcent à un pourcent dans le rouge. Dans le même temps, l’euro était en hausse par rapport au dollar. Il serait pourtant injuste de blâmer Lagarde pour cette (trop) faible performance. Les investisseurs sont des créatures maniaco-dépressives, qui ne s’enthousiasment que pour les grandes surprises, mais ce n’est pas le style (ou la mission) de la BCE.
Toutefois, si la BCE dispose encore d’un autre gros bazooka dans son arsenal, force est de constater qu’elle ne l’a pas dégainé cette fois-ci. Christine Lagarde s’est contentée de recharger celui qu’elle avait déjà déployé. L’objectif: faire en sorte que l’assouplissement monétaire se poursuive jusqu’au début de 2022. Un timing qui n’a pas été choisi au hasard.
C’est en effet la période à laquelle les virologues s’attendent à ce que les campagnes de vaccination en zone euro portent leurs fruits sous la forme de la fameuse immunité de groupe contre le coronavirus. À partir de ce moment-là, l’économie devrait pouvoir se remettre complètement du choc provoqué par la pandémie.
La politique du coronavirus
‘Dans l’ensemble, la réunion de la BCE d’aujourd’hui a été un événement peu passionnant’, estime Carsten Brzeski, économiste chez ING. ‘Nous avons obtenu un élargissement soigneusement équilibré et réfléchi des mesures existantes. Pas de nouveau grand bazooka.’
Il y a un fil rouge dans toute la politique de la BCE en ce moment, et c’est le coronavirus. ‘La politique de la BCE est liée au virus et au vaccin’, poursuit Brzeski. ‘Toutes les mesures sont désormais programmées en fonction de l’hypothèse que le vaccin créera une immunité de groupe en zone euro d’ici la fin 2021. Le timing peut toujours être modifié, mais augmenter les mesures pas vraiment. La BCE va laisser les grands bazookas aux gouvernements pour le moment’.
Ce dernier point a également été mis en évidence lors de la conférence de presse organisée par Christine Lagarde après l’annonce des décisions de la BCE. La présidente de la BCE a averti les gouvernements de la zone euro de ne pas se montrer trop rapides avec une politique fiscale plus stricte. ‘Pour l’instant, nous devons aider nos entreprises jusqu’à la fin de la pandémie’, a déclaré Christine Lagarde.