Le chef suprême de l’armée belge dénonce des actes répréhensibles dans ses rangs dans une lettre interne

Michel Hofman, le chef d’état-major de l’armée belge, a fait circuler une lettre de récriminations au sein de son service. Il y dénonce les abus dans le recrutement de nouvelles troupes.

Pourquoi est-ce important ?

La défense recherche de toute urgence de nouvelles recrues pour constituer une armée plus importante et compétitive. Pendant des années, le recrutement est resté bloqué à 2.000 nouveaux soldats. Le gouvernement De Croo a déjà décidé d'augmenter ce nombre, fixant le nouvel objectif à 2.500 par an en réponse à la vague de départs à la retraite. À partir de 2026, ce sont même 2.800 nouveaux soldats qui seront recrutés chaque année.

À la une : bagarres et punitions physiques sévères. C’est ce à quoi sont soumises les nouvelles recrues, écrit Het Nieuwsblad.

  • Dans sa lettre interne, envoyée juste avant Noël, Michel Hofman dénonce les malversations en matière de recrutement. Le message ne vient pas seulement du CHOD (chef de la défense), le chef du service de surveillance interne a également approuvé la lettre.
  • Plus précisément, les nouveaux soldats sont exposés aux caprices de certains formateurs, selon des rapports et des plaintes internes. Par exemple, les recrues seraient soumises à des séances dites de « milling », au cours desquelles les membres de deux groupes doivent se battre à coups de poing. D’autres doivent traîner de lourds poids pendant un certain temps. Si une personne échoue dans une tâche, elle doit parfois se soumettre à plusieurs centaines de pompes.
  • Il semble que certains instructeurs se soient inspirés de l’émission télévisée populaire en Flandre Kamp Waes, dans laquelle les participants reçoivent une formation pour les unités spéciales de l’armée, bien différente et plus dure que celle du soldat ordinaire.
  • Les deux chefs de la Défense affirment que ces séances d’entraînement difficiles sont la raison pour laquelle beaucoup de recrues abandonnent prématurément : « Les conséquences ne s’arrêtent pas là. Les candidats quittent la Défense avec une référence explicite à de telles pratiques », écrivent-ils dans la lettre. Ils déclarent en outre qu’ils ne tolèrent pas les mauvaises pratiques. Hofman interdit également « toute forme de punition physique, qu’elle soit collective ou individuelle. Elles ne sont ni légales, ni réglementaires, ni productives. »

Enquête interne

Sous-entendu : un nouveau problème pour la Défense. La ministre déléguée Ludivine Dedonder (PS) promet de prendre des mesures strictes.

  • En 2021, la Défense a lancé une enquête interne. Celle-ci a montré il y a quelques mois que deux tiers des femmes de l’armée avaient déjà été confrontés à des comportements sexuellement inappropriés. Une femme a témoigné à Terzake qu’elle avait été victime de harcèlement sexuel de la part de son chef. Alors que cet homme a été condamné à deux ans de probation, il est resté employé par le ministère de la Défense. On dit aussi qu’il a même été récemment considéré pour un avancement de grade.
  • La ministre de la Défense Ludivine Dedonder (PS) a répondu à la lettre interne de Hofman. Elle a réitéré à son chef de cabinet que « ce comportement de quelques-uns ne sera plus toléré ». Selon la ministre, le recrutement de masse exige de sérieux efforts de la part des soldats, mais « cela ne doit pas être une excuse pour se comporter mal, souvent motivé par une mentalité de ‘c’était comme ça avant' ».
  • Dans le même temps, Dedonder appelle les soldats à signaler à leurs supérieurs les comportements répréhensibles des autres. « Ils n’ont rien à craindre », a-t-elle déclaré dans une réponse au Het Nieuwsblad. « Ce sont ceux qui encouragent de tels comportements qui sont en faute, qui doivent être dénoncés et s’adapter. »

MB