L’argent liquide n’est pas mort : quatre raisons pour lesquelles les paiements en espèces ne disparaîtront pas

Les entreprises de notre pays sont tenues de proposer au moins une option de paiement électronique à partir du 1er juillet. Mais si les paiements numériques sont devenus monnaie courante, les pièces et billets physiques ne sont pas près de disparaître pour plusieurs raisons.

Raison 1 : la « stratégie de trésorerie » de la Banque centrale européenne

Il est juridiquement impossible pour un pays de la zone euro de supprimer l’argent liquide. La Banque centrale européenne garantit, au moins jusqu’en 2030, que « l’argent liquide continuera à être largement disponible et accepté comme moyen de paiement et de stockage ». Même s’il existe un euro numérique – une variante numérique de l’argent liquide comme alternative aux crypto-monnaies – les pièces et billets physiques conserveront leur fonction de paiement, assure la BCE.

« Les billets de banque en euros seront toujours là. Ils sont un symbole tangible et visible qui nous unit en Europe, surtout en temps de crise, et leur demande reste élevée », a clairement déclaré Christine Lagarde, présidente de la BCE, en décembre.

Raison 2 : moyens de paiement pour les groupes vulnérables

L’une des raisons pour lesquelles la BCE maintient l’argent liquide malgré la numérisation est sa fonction sociale. « Il y a encore suffisamment de personnes qui ont des difficultés à payer par voie numérique. Pensez à des personnes âgées ou à des personnes peu alphabétisées », écrit la Nederlandsche Bank (DNB), l’homologue de la Banque nationale de Belgique, dans un rapport publié mardi. « Pour eux, il est difficile de ne plus pouvoir payer en espèces dans certains magasins, mais aussi de voir le nombre d’agences bancaires et de distributeurs automatiques diminuer. »

La DNB indique qu’elle conclura des accords avec les banques et d’autres parties prenantes au paiement afin de garantir « que les espèces restent facilement disponibles tant que des groupes de Néerlandais en dépendent ».

Raison 3 : l’économie souterraine

Une enquête publiée mardi par CCV, un fournisseur de services de paiement, a révélé que 13 % des commerçants belges n’acceptent pas les paiements électroniques parce qu’ils veulent garder « certains flux de revenus » hors de leurs livres.

En outre, en raison de leur caractère anonyme et difficile à tracer, les paiements en espèces sont attrayants dans « l’économie des vices », comme la prostitution, la drogue ou les jeux d’argent.

Selon certaines estimations, l’économie « informelle », au noir, équivaut à 15 % du produit intérieur brut.

Raison 4 : Plan B en cas de cyberattaque contre les paiements électroniques

Les banquiers n’aiment pas en parler en public, mais en privé, ils n’excluent pas le risque d’une cyberattaque de grande envergure contre les paiements électroniques. Dans le scénario extrême où les paiements par carte seraient interrompus pendant une longue période, il sera nécessaire de mettre en place un système hors ligne que la population connaît et qui est généralement accepté. L’option de repli la plus évidente est l’alternative analogique à l’ancienne : les pièces et billets physiques.

Diverses variantes numériques des paiements hors ligne sont en préparation, mais il faudra encore attendre des années. L’euro numérique jouera peut-être un rôle dans ce domaine. Une possibilité théorique est que ce « crypto-euro » puisse passer d’un smartphone à l’autre, sans que les deux aient besoin d’être en ligne.

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