Une étude récente de la Banque nationale a confirmé que l’accès à la propriété s’effrite dans les couches les plus pauvres de la population. Cela inquiète l’expert en matière de pensions Philip Neyt. « Après tout, l’accès à la propriété est un tampon financier pour les retraités qui ne doit pas être sous-estimé. »
Avec une pension de 1.500 euros par mois, cela fait une grosse différence si vous devez payer, disons, 800 euros de loyer ou non. Ceux qui ont la chance d’avoir leur maison entièrement payée à l’âge de la retraite disposent d’une marge de manœuvre financière beaucoup plus importante.
Cependant, l’accès à la propriété est devenu un rêve inaccessible pour un grand groupe de personnes, selon l’étude de la Banque nationale.
- Parmi les ménages les plus pauvres (revenu inférieur à 60 % du revenu moyen), le pourcentage de propriétaires a fortement diminué au cours des deux dernières décennies : de 56 % en 2003 à seulement 37 % en 2020.
- Toutefois, le pourcentage global de propriétaires en Belgique est resté relativement constant, à environ 72 %. En d’autres termes, alors que l’accession à la propriété est structurellement en déclin dans les couches les plus pauvres de la population, la grande majorité des couches les plus aisées possèdent un logement, et souvent plus d’un.
- Autre constat : l’accès à la propriété chez les plus pauvres est structurellement inférieur à la moyenne de la zone euro, alors que la Belgique est internationalement connue comme un pays où l’on est majoritairement propriétaire (par opposition aux locataires).

Amortissement des pensions

L’impact de cette récente révolution immobilière sur les questions de retraite ne peut être sous-estimé, selon Philip Neyt. « Pour quelque trois Belges sur quatre, le bien immobilier constitue leur principale réserve de retraite. Pour donner une idée : le patrimoine immobilier cumulé des Belges vaut 1.700 milliards d’euros, ce qui le rend aussi important que les actifs de tous les fonds de pension néerlandais réunis. »
Il y a vingt ans, il était encore possible, même pour les plus pauvres de la population, de se constituer un capital vieillesse en achetant leur propre maison. « L’immobilier s’est révélé être un tampon important et stable. Même le logement le plus modeste permet de capitaliser pour couvrir ses besoins à la retraite. »
Aujourd’hui, les perspectives de retraite pour cette tranche de revenus semblent moins brillantes alerte Neyt : « Posséder son propre logement est la meilleure protection contre la pauvreté, et surtout en période d’inflation. Le fait même que nous observons un déclin constant de l’accès à la propriété parmi les familles moins aisées rend ce groupe particulièrement vulnérable. »
« Pour une solide tranquillité d’esprit à la retraite, non seulement le montant absolu de la pension est important, mais les pensions, le logement et un bon accès à des soins de santé abordables sont inextricablement liés. »
