Alors que la Vivaldi discutait de la réforme fiscale, c’est un peu à la surprise générale qu’un accord est tombé sur les pensions. Le Premier ministre Alexander De Croo (Open VLD) et la ministre des Pensions Karine Lalieux (PS) l’ont annoncé ce lundi matin. Pas de grande révolution à l’horizon, mais quelques ajustements pour être dans les clous européens.

Le contexte : Le gouvernement était prié de revoir sa copie après la présentation de la réforme des pensions, en juillet dernier. Cette dernière aurait coûté 0,3% du PIB supplémentaire, alors que l’Europe demandait expressément que les réformes structurelles ne plombent pas encore davantage nos finances publiques. La Vivaldi a donc corrigé le tir, à la marge. L’enjeu était doublement important : la Belgique attend toujours les 4,5 milliards du plan de relance européen.

Cette fois, la Vivaldi fait un effort de 0,5% du PIB à l’horizon 2070, soit 3 milliards d’euros. La réforme est plus soutenable même si la Commission européenne demandait 1 à 1,2% du PIB d’effort. Certaines critiques estiment déjà que cette réforme ne sera pas suffisante, « alors que le coût du vieillissement augmentera de 5% d’ici à 2070 », explique le professeur de l’UGent, Stijn Baert, spécialiste du marché du travail. Si les concessions faites par chaque parti autour de la table sont à saluer, il est vrai que c’est plutôt la logique budgétaire du PS qui été suivie.

Pour le reste, en plus de la précédente réforme, voici ce qui change pour vous :

• Le bonus-pension sera progressif et sera accordé aux personnes qui décident de travailler 3 ans de plus. Un montant de 22.645 euros nets pourra être versé en une seule fois, au moment du départ à la retraite. Cette somme doit servir de stimulant pour garder les personnes plus longtemps à l’emploi. Tout le monde était pour autour de la table. Cette réforme sera mise en place à partir de janvier 2024.
• L’âge de la retraite est toujours fixé à 65 ans aujourd’hui, à 66 ans à partir de 2024 et à 67 ans à partir de 2030. Mais il sera possible de prendre une retraite anticipée si vous avez un nombre d’années de carrière suffisant :
  • à 60 ans si vous avez réalisé 44 ans de carrière
  • à 61 ans si vous avez réalisé 43 ans de carrière
  • à 62 ans si vous avez réalisé 43 ans de carrière
  • à 63 ans si vous avez réalisé 42 ans de carrière
• Une hausse de la pension minimale telle que décidée en début de législature (et qui va aujourd’hui bien au-delà des 1.500 euros prévus grâce à l’indexation) a été rabotée de quelques euros par mois, ce qui permet à la Vivaldi de faire une économie annuelle de 126 millions d’euros.
  • Cette pension minimale sera toujours conditionnée à une carrière de travail effectif de 20 ans ou 5.000 jours effectifs. L’ajustement de la réforme introduit de nouvelles périodes assimilées à du travail effectif, pour mieux protéger les femmes dont les carrières sont souvent plus courtes et plus hachées que celles des hommes. On parle ici du congé de naissance, le congé d’adoption, le congé d’écartement préventif du travail, le chômage temporaire et le congé de paternité.
• La péréquation de la pension des fonctionnaires (1er pilier) n’a pas été supprimée, mais a été limitée à 0,3% du total des pensions des fonctionnaires par an. Il s’agit ici d’une concession du PS. C’est aussi la plus grande partie de l’ajustement de la réforme des pensions : 2,4 milliards sur 3 milliards d’euros d’effort en tout.
• En contrepartie, la taxation touchant les primes de pensions complémentaires (2e pilier) sera doublée, passant de 3 à 6% à partir du 1er janvier 2028. Il s’agit de la taxe Wijninckx pour les plus hautes pensions seulement. Elle s’applique uniquement sur la partie des primes versées dépassant le montant indexé de 30.000 euros. On parlerait de 2.900 personnes en Belgique, selon l’une de nos sources libérales. C’est donc très limité.

Retrouver tous les détails de la réforme sur le site du service fédéral des Pensions.