La transition des moteurs à combustion vers la propulsion électrique pourrait supprimer 501.000 emplois chez les fournisseurs automobiles de l’Union européenne d’ici la fin de la prochaine décennie. Telle est la conclusion d’un rapport établi par les consultants PricewaterhouseCoopers (PwC) et l’Association européenne des fournisseurs automobiles (Clepa), sur la base d’une enquête menée auprès de près de 100 entreprises du secteur.
Les chercheurs notent que cette perte ne sera pas entièrement compensée par de nouveaux emplois dans la construction de véhicules électriques. On parle de 226.000 nouveaux emplois, ce qui représente tout de même une perte nette de 275.000 emplois.
Impact
« Le rapport du Clepa confirme les avertissements précédents sur les coûts d’une transition rapide du secteur automobile vers une mobilité zéro émission », note le journal économique britannique Financial Times.
« Plus des deux tiers des pertes d’emplois se produiraient dès la première moitié de la prochaine décennie. Cette situation – causée par le chômage de masse – pourrait avoir un impact social et économique important. »
Les pertes d’emplois les plus importantes seraient enregistrées en Allemagne, où 121.000 emplois pourraient être perdus, suivie par l’Italie (74.000), l’Espagne (72.000) et la Roumanie (56.000).
Au début de cette année, la Commission européenne a annoncé son intention de réduire à zéro les émissions des nouvelles voitures d’ici le milieu de la prochaine décennie. Il n’y a aucune obligation de passer aux batteries, mais certains constructeurs automobiles ont pratiquement exclu d’autres technologies, comme l’hydrogène.
Apocalyptique
Le Clepa, qui représente plus de 3.000 fournisseurs, soutient depuis longtemps que l’introduction de technologies transitoires pourrait contribuer à amortir le choc de la transition vers la mobilité durable.
« Les besoins de la société sont bien trop divers pour une approche unique », souligne Sigrid de Vries, secrétaire générale du Clepa, en faisant référence à l’utilisation de technologies hybrides, d’hydrogène durable et de carburants renouvelables.
L’entreprise allemande Continental, fournisseur du secteur automobile, a déjà prévenu que l’harmonie sociale serait compromise si la politique climatique n’était pas accompagnée de programmes visant à créer de nouveaux emplois pour les travailleurs des industries dépendantes des combustibles fossiles.
Pas plus tard que l’année dernière, un rapport avertissait qu’un passage à la propulsion électrique en Allemagne pourrait potentiellement supprimer 400.000 emplois. Toutefois, Herbert Diess, directeur général du groupe VW, estime que ces scénarios apocalyptiques sont quelque peu exagérés.
« Malgré le passage à une autre conduite différente, une grande partie de la voiture reste inchangée », a souligné M. Diess. « Il y a toujours un besoin de carrosserie, de peinture automobile, de sièges, de roues et d’essieux. Peut-être qu’entre 70 et 80 % du secteur de l’approvisionnement ne sera pas affecté par la transition. »