La Suisse, lieu idéal pour une crise bancaire ?

La crise autour des banques suisses Credit Suisse et UBS inquiète le monde entier. Pourtant, il y a peu de chances que l’économie suisse elle-même en pâtisse.

Pourquoi est-ce important ?

À la mi-mars, le Credit Suisse a semblé devenir l'élément déclencheur d'une nouvelle crise financière mondiale. Les actions de la banque ont chuté en bourse, semblant se diriger vers la faillite. Finalement, UBS, une autre grande banque suisse dirigée par le Néerlandais Ralph Hamers, a lancé une bouée de sauvetage : Hamers a payé trois milliards de francs suisses pour sauver la banque en difficulté. Une nouvelle crise bancaire semble ainsi évitée, même si Ralph Hamers a dû quitter son poste de PDG quelques jours après le rachat : UBS a opté pour une politique plus protectionniste, avec le Suisse Sergio Ermotti à la tête de l'établissement, afin de poursuivre la gestion du rachat.

L’essentiel : crise bancaire ou pas, l’économie suisse ne semble pas s’en préoccuper outre mesure.

  • Le rachat, qui s’accompagnera de licenciements, affecte le statut de la Suisse en tant que centre financier mondial, écrit Bloomberg. Mais l’économie elle-même semble bien résister à une telle crise.
    Christian Schulz, économiste en chef adjoint pour l’Europe à la banque américaine Citigroup, par exemple, souligne que la Suisse dispose de nombreux atouts pour contenir une crise :
    le gouvernement fédéral est très peu endetté,
  • le franc suisse est considéré comme une monnaie très stable, peut-être même la monnaie la plus forte du monde,
  • et la Suisse dispose d’un marché du travail très flexible, avec relativement peu de protection pour les travailleurs.
    L’économie suisse peut donc relativement bien absorber des chocs tels qu’une crise bancaire. « La crise est certainement un choc pour le système financier, mais l’effet sur l’économie suisse ne sera pas très important. C’est aussi ce que prouve l’année 2008 ».
  • Pour rappel, en 2008, la banque américaine Lehman Brothers a fait faillite, entraînant une crise financière mondiale. La Suisse a également été touchée, mais moins durement que le reste du monde.

La situation à l’époque : à l’époque, UBS devait également basculer, mais le gouvernement suisse est intervenu.

  • La grande banque suisse a traversé une période difficile au début des années 2000. Elle a été la première banque cotée à Wall Street à subir de lourdes pertes en raison de la crise du crédit qui s’est développée aux États-Unis en 2007. En 2008, les pertes d’UBS ont atteint 37 milliards de dollars. Le conseil d’administration a tenté de lever 15 milliards de francs suisses par le biais d’une émission de droits et d’une réduction des dividendes. Finalement, c’est le gouvernement suisse lui-même qui a maintenu la banque à flot, en transférant 60 milliards de dollars de titres illiquides.
  • Depuis lors, la part du secteur financier suisse dans le PIB a visiblement diminué : 5,6 % de toute la valeur suisse est créée par le secteur, seulement 1,2 % provient des plus grandes banques combinées. C’est peu par rapport à d’autres secteurs : l’industrie pharmaceutique représente 4,8 %, les entreprises horlogères 3,2 %.
  • Cependant, une crise bancaire pourrait affecter le marché du travail : les banques suisses réunies emploient 90.000 personnes, dont 23.000 travaillent dans les plus grandes institutions bancaires, selon la Banque nationale suisse. Si ces dernières rencontrent des difficultés financières, de nombreuses personnes pourraient perdre leur emploi.
  • C’était déjà le cas au Credit Suisse : avant même son rachat par UBS, la banque a dû demander à 9.000 de ses 50 000 employés de chercher un autre emploi. La fusion des deux grandes banques pourrait faire grimper ce chiffre en flèche. Il faut toutefois noter que tous les licenciements ne se feront pas en Suisse, loin s’en faut.
  • Ce n’est toutefois pas une raison pour paniquer, a déclaré à Bloomberg Thomas Gitzel, économiste en chef de la Liechtenstein VP Bank. « Les banquiers ont de nombreuses capacités et peuvent être redéployés à plusieurs reprises. Je suis presque sûr qu’ils auront la possibilité de travailler ailleurs. M. Gitzel prévoit que les licenciements auront un impact à court terme, mais qu’à plus long terme, celui-ci restera modéré.

MB

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