La Chine s’apprête à étendre sa réforme pilote de la taxe foncière, peu prélevée jusqu’à présent en raison de multiples réticences, ont rapporté les médias d’État, tandis que le gouvernement lutte contre la spéculation immobilière.
Selon l’agence de presse officielle Chine nouvelle, le Comité permanent de l’Assemblée nationale populaire, organe législatif suprême du pays, a approuvé samedi le dernier plan visant à promouvoir la « consommation rationnelle de logements ».
Dans le cadre de ce projet pilote de cinq ans, l’impôt foncier sera prélevé sur tous les types de biens immobiliers, à l’exception des maisons rurales privées.
La date de lancement et les zones cibles seront détaillées ultérieurement.
Moteur du développement chinois ces vingt dernières années, le marché immobilier a décollé après les réformes clés de 1998, qui ont déclenché un boom de la construction dans un contexte d’urbanisation rapide et d’accumulation de richesses.
Mais cette montée des prix s’est accompagnée d’inquiétudes quant à la disparité des richesses et au risque d’instabilité sociale qui en résulte.
Cette annonce intervient alors que le président Xi Jinping prône une plus grande « prospérité commune » en Chine en répartissant plus équitablement les richesses.
Une vielle promesse
Une taxe foncière est déjà à l’essai depuis plusieurs années dans les villes de Shanghai (est) et Chongqing (sud-ouest). Mais sa généralisation dans le pays, évoquée dès les années 2000, ne s’est jamais concrétisée.
Parmi les principales raisons avancées au fil des ans: cet impôt serait mal vécu par des propriétaires qui se sont déjà saignés pour payer leur bien; il pourrait faire baisser la demande ou encore entraîner des ventes massives d’appartements.
Ce début de réforme arrive toutefois à un moment où les prix des logements neufs sont en repli en Chine, pour la première fois en six ans, dans un contexte de méfiance des acheteurs face au risque de faillite de plusieurs promoteurs.
La situation financière du groupe Evergrande est notamment scrutée avec beaucoup d’inquiétude, son potentiel effondrement pouvant freiner la croissance du géant asiatique.
La valeur des maisons a chuté de 16,9% en septembre en glissement annuel.
Certains analystes pensent toutefois que cette mesure fiscale vise à empêcher les prix de remonter à leurs niveaux antérieurs.
« Les données démographiques signifient que ce boom immobilier qui dure depuis 25 ans touche à sa fin », a déclaré Mark Williams de Capital Economics la semaine. « Les ventes de terrains ne sont plus une source durable de revenus pour le gouvernement. Un impôt foncier modeste pourrait l’être. »