Principaux renseignements
- La Russie souhaite développer ses initiatives de soft power par l’intermédiaire de l’agence d’aide Rossotrudnichestvo, mais elle est confrontée à des contraintes de financement.
- L’agence est confrontée à des coûts administratifs élevés par rapport aux meilleures pratiques internationales.
- La réputation de Rossotrudnichestvo souffre des accusations d’espionnage et d’opérations secrètes.
Le directeur de Rossotrudnichestvo, l’agence russe d’aide internationale, a des projets ambitieux pour combler le vide laissé par le démantèlement de l’USAID. Cependant, l’agence est confrontée à des défis majeurs en termes de financement et de perception par le public.
Evgueni Primakov, directeur de Rossotrudnichestvo, estime que les investissements dans le soft power sont cruciaux pour la sécurité nationale, même si la Russie est financièrement mise à rude épreuve par la guerre en cours. Il affirme qu’il est nécessaire de préserver l’influence culturelle et économique de la Russie dans les anciennes républiques soviétiques.
Défis à venir
Primakov souhaite réformer Rossotrudnichestvo sur le modèle de l’USAID. Le simple fait d’atteindre le niveau de financement de pays plus petits comme la Finlande constituerait une étape importante. Actuellement, Rossotrudnichestvo fonctionne avec un budget de 77 millions de dollars (65 millions d’euros), ce qui est nettement inférieur aux ressources de l’USAID. Primakov demande une augmentation substantielle du budget, jusqu’à 1,5 milliard de dollars (1,2 milliard d’euros), mais il n’est pas certain que le gouvernement russe approuve un tel financement.
En outre, l’efficacité de Rossotrudnichestvo dans l’utilisation de son budget actuel suscite des inquiétudes. Seuls 25 pour cent des fonds de l’agence sont alloués à des projets réels, les 75 pour cent restants étant consacrés aux frais administratifs. Cette situation contraste fortement avec celle des organisations américaines à but non lucratif, qui visent moins de 25 pour cent de dépenses administratives.
Problèmes de réputation
Rossotrudnichestvo est également confronté à un problème de réputation. Il est souvent considéré comme une façade pour la collecte de renseignements et les opérations secrètes. Des analyses ont révélé que certaines Maisons de la Russie (centres culturels utilisés à l’étranger pour promouvoir la langue et la culture russes) étaient utilisées pour la propagande, l’espionnage et même le recrutement de mercenaires pour la guerre en Ukraine. Primakov nie ces allégations. Pourtant, elles continuent de nuire à l’image de l’agence.
Primakov attribue les tensions entre la Russie et les anciennes républiques soviétiques à des « forces grandioses » et à des élites locales cherchant à s’affranchir de la Russie. Il souligne l’alignement de Rossotrudnichestvo sur les priorités de la politique étrangère russe, suggérant qu’un mandat indépendant pour une entité financée par le gouvernement n’est pas réaliste. Cette position reflète un état d’esprit potentiellement impérial, qui pourrait entraver les efforts de l’agence pour établir des relations positives dans ses régions cibles.
Malgré ces défis, Primakov considère le maintien de l’influence russe au sein de la Communauté des États indépendants comme une priorité absolue. Selon lui, il est essentiel que la Russie maintienne sa présence et son influence dans les pays voisins.
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