La route d’Edouard Philippe et Macron se sépare : retour sur une relation de plus en plus compliquée

Ce n’est pas vraiment une surprise. Le Premier ministre Édouard Philippe a remis sa démission et celle de son gouvernement à Emmanuel Macron, qui l’a acceptée. Un remplaçant lui sera trouvé ‘dans les prochaines heures’. Le président français songeait à un remaniement pour donner un second souffle à son mandat.

C’était dans l’air, c’est chose faite. Édouard Philippe a pris les devants et a démissionné de son poste de Premier ministre. Son gouvernement gérera donc les affaires courantes jusqu’à la nomination de son successeur. ‘Une femme’ a été évoquée ces derniers jours par la presse française pour reprendre ce rôle.

Emmanuel Macron veut redonner un second souffle à son mandat qui s’achève en 2022. Le président veut opérer un tournant plus écologique, en droite ligne avec les résultats des dernières élections municipales qui ont vu une ‘vague verte’ relative déferler sur le pays (en tout cas dans certaines grandes villes).

Édouard Philippe a lui vu sa cote de popularité progresser durant la crise du coronavirus. Au point de dépasser largement celle de son président (49 contre 39%). Sa réélection au Havre a confirmé cette bonne tendance.

JDD

La route des deux hommes se sépare. Si le Premier ministre a montré une certaine fidélité au président sur la plupart des réformes, la confiance s’est peu à peu effritée, après plusieurs désaccords.

  • La taxe carbone a été un élément de désaveu pour Edouard Philippe. Cette taxe qui a déclenché la colère des Gilets jaunes était défendue par les deux hommes. Mais devant la pression sociale, Macron a reculé, sans en avertir immédiatement Edouard Philippe, qui l’a forcément mal pris.
  • Même constat pour la limitation à 80 km/heure sur le réseau secondaire français. Le président français a reculé devant la pression des Gilets jaunes.
  • L’âge pivot fixé à 64 ans dans le projet de réforme des retraites était voulu par le Premier ministre. Mais la plus longue grève que la France ait connue à là aussi fait reculer le président. Cette mesure ne figurait d’ailleurs pas dans le programme présidentiel. La crise du coronavirus étant passée par là, aucune décision n’a encore été prise. Mais il s’agit là encore d’un point de divergence.
  • Lors du déconfinement, la stratégie employée (notamment le timing et l’intensité du déconfinement) et les mots choisis divergeaient. Au-delà, le rôle d’un président qui déclare (en direct à la TV) et d’un Premier ministre qui doit donner les explications derrière en conférence de presse, a été assez mal pris par ce dernier, cantonné dans un rôle d’exécutant.

Et maintenant ?

Le Conseil des ministres a été annulé. La nomination d’un successeur à Édouard Philippe devrait intervenir dans les prochaines heures. Un remaniement complet du gouvernement n’est pas à exclure non plus.

Concernant l’homme fort du Havre, sa cote de popularité lui donne sûrement des idées derrière la tête. Se présenter en 2022? Peu en doutent désormais. Reste à savoir sous quelle bannière. L’ancien UMP est toujours vu comme un traître par une certaine frange de la droite. D’autres, constatant le vide de personnalités fortes au sein de LR, le verraient comme le candidat providentiel après les départs successifs de Nicolas Sarkozy, Alain Juppé et François Fillon, pour des raisons diverses et variées.

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