La robotisation érode les salaires des employés américains

Une nouvelle étude, réalisée par des économistes de la Federal Reserve de San Francisco, démontre que la robotisation a “substantiellement contribué” à abaisser les salaires des travailleurs américains au cours des 20 dernières années.

Sylvain Leduc et Zheng Liu, les deux chercheurs qui ont dirigé cette étude ont constaté qu’au cours des 20 dernières années, la part du revenu national empochée par les travailleurs s’est érodée. Alors qu’elle était de 63 % au début de ce millénaire, elle est tombée à 56 % en 2018.

Une situation de quasi-plein-emploi qui n’a pas profité aux travailleurs

C’est d’autant plus étonnant qu’en principe, en situation de chômage faible, les salaires ont tendance à augmenter. Les travailleurs ont en effet plus de possibilités de choix pour leur emploi et se trouvent théoriquement avantagés dans la négociation salariale. Aux États-Unis, le taux de chômage s’est établi à 3,7 % à la fin du mois de juillet, signant une situation de quasi-plein-emploi. Les salaires devraient donc augmenter, et la part du revenu national échéant aux employés aurait dû en faire de même, et non se réduire. Comment expliquer ce paradoxe ?

Les deux chercheurs évoquent une baisse de l’engagement syndical, ainsi que l’externalisation des entreprises, qui auraient entamé le pouvoir de négociation des employés. Mais ils pensent que c’est surtout la robotisation qui est en cause.

Avec la robotisation, ce sont les employeurs qui sont en position de force

En effet, désormais, les entreprises peuvent confier les postes difficiles à pourvoir à des robots. Les progrès en robotique et en intelligence artificielle ont permis le développement d’automates toujours plus polyvalents, capables de remplacer les employés humains dans une gamme d’emplois de plus en plus vaste. En parallèle, le prix des robots a baissé, ce qui les a rendus plus abordables et plus rentables.

Le duo conclut donc que dans ce contexte, les travailleurs sont de plus en plus réticents à réclamer des augmentations de salaire, de peur que leur employeur décide de se tourner vers la robotisation pour les remplacer.

Une modélisation des deux chercheurs montre que sans l’automatisation, la part du revenu national dévolue aux travailleurs aurait atteint 59,5 % à la fin de l’année 2018.

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