Principaux renseignements
- La réforme des allocations de chômage vise à faire passer le taux d’emploi de la Belgique de 72,7 pour cent à 80 pour cent d’ici 2029.
- L’impact sur les chômeurs de longue durée, qui risquent d’engorger les services sociaux et de ne pas bénéficier d’un soutien adéquat pour se réinsérer dans la vie active, suscite des inquiétudes.
- Bien que nécessaire pour remédier au statut aberrant de la Belgique en termes de durée de chômage illimitée, la réforme fait l’objet de critiques quant à sa rapidité de mise en œuvre et à ses répercussions sociales potentielles.
À partir du jeudi 1er janvier, une modification importante du système belge d’allocations de chômage entrera en vigueur. Cette réforme, considérée comme une mesure phare par le gouvernement De Wever, vise à augmenter le taux d’emploi. Cependant, même au sein de la coalition gouvernementale, des inquiétudes sont soulevées quant aux répercussions sociales potentielles de ce changement radical de politique.
Inquiétudes pour les chômeurs de longue durée
L’expert du marché du travail Ive Marx (UGent) met en garde dans De Ochtend sur Radio 1 contre la rapidité de la mise en œuvre, soulignant que les personnes qui ont été au chômage pendant deux décennies seront brusquement retirées du système d’allocations de chômage. Ce groupe est très éloigné du marché de l’emploi et risque de saturer les services sociaux tels que le CPAS. Marx s’inquiète de la capacité du CPAS à aider ces personnes de manière adéquate.
Parti au pouvoir CD&V reste inquiet de l’impact sur les chômeurs « non employables ». Nahima Lanjri (CD&V) souligne dans De Morgen le besoin urgent d’une solution pour au moins 10 000 personnes jugées inaptes au travail en raison de divers facteurs. Elle plaide pour un soutien individualisé, y compris des opportunités d’emploi adaptées ou des activités significatives telles que le bénévolat, au lieu de les reléguer uniquement au CPAS. Lanjri propose de sélectionner ces personnes et de les orienter vers les ressources appropriées, potentiellement des allocations de maladie pour celles qui ont des problèmes médicaux ou des allocations d’invalidité pour les autres.
Des objectifs ambitieux en matière d’emploi
La réforme des allocations de chômage limitées dans le temps est une mesure clé dans le cadre d’une stratégie plus large du gouvernement fédéral visant à augmenter de manière significative le taux d’emploi en Belgique de 72,7 pour cent à 80 pour cent d’ici 2029. Pour atteindre cet objectif ambitieux, il faudra faire entrer environ 550 000 Belges supplémentaires sur le marché du travail.
Le Service public fédéral de l’emploi prévoit qu’environ 194 000 personnes perdront leurs allocations de chômage au cours des 18 prochains mois. Le gouvernement prévoit qu’un tiers de ces personnes retrouveront du travail. Marx remet toutefois en question cette estimation optimiste, soulignant l’ampleur sans précédent de cette intervention et l’absence d’exemples comparables dans d’autres pays.
Intensification de la concurrence
Marx souligne également un défi supplémentaire pour les chômeurs à la recherche d’un emploi : l’intensification de la concurrence sur le marché du travail. Cette situation est aggravée par les changements prévus concernant les bénéficiaires de congés de maladie de longue durée et par l’augmentation attendue des emplois flexibles et des emplois pour étudiants. Marx décrit cette situation comme une « tempête parfaite »
Malgré les inquiétudes et les nuances soulevées, Marx reconnaît que les allocations de chômage limitées dans le temps étaient nécessaires. La Belgique a retardé cette réforme pendant des décennies, devenant une exception avec une durée de chômage illimitée alors qu’elle était confrontée à un marché du travail tendu.
Réforme restera probablement en place
La réforme est désormais en place et il est peu probable qu’elle soit annulée. Même le chef de file du PS, Paul Magnette, admet qu’il serait impossible de revenir sur cette politique, à la fois en raison des droits déjà perdus par les personnes concernées et du manque de volonté politique pour un tel retour en arrière.
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