Le blocage de Shanghai, centre névralgique de l’économie chinoise, mais aussi des entreprises étrangères, suite au confinement imposé par Pékin, pourrait bien avoir des conséquences sur le long terme. Outre les pertes financières, tant pour l’économie locale que pour les entreprises dépendantes de cette région, la fermeture de Shanghai pourrait bien pousser les entreprises étrangères et leurs partenaires à se délocaliser.
Le géant Apple exhorte ses partenaires à délocaliser une partie de leurs usines hors de Chine, rapporte le Wall Street Journal. Une volonté de la firme de Cupertino qui ne date pas d’hier, mais qui a été quelque abandonnée durant la pandémie. Cette dernière, de même que la récente politique zéro Covid de la Chine, semble pourtant avoir renforcé les positions d’Apple.
Les confinements imposés dans le pays ont eu un impact sur le calendrier de la firme américaine. Si Apple est parvenue à garder la tête hors de l’eau durant le premier trimestre 2022, cela pourrait ne plus être le cas à l’heure actuelle. Son PDG a en effet prévenu que les problèmes au sein de la chaine d’approvisionnement, de même que le contexte géopolitique et la pénurie de composants qui en découle, pourraient avoir des répercussions financières sur l’entreprise.
De quoi pousser la firme à la pomme à repartir en campagne pour pousser ses partenaires à délocaliser une partie de leurs usines hors de l’Empire du Milieu. Bien avant la pandémie, les tensions entre la Chine et les États-Unis et le risque d’une escalade l’avaient déjà poussée à aller dans ce sens.
Apple préconise de délocaliser vers l’Inde et le Vietnam, pays où le prix de la main-d’œuvre reste assez similaire à celui de la Chine. Le géant américain y a déjà installé des usines de fabrication de certains de ses produits et cela pourrait n’être qu’un début.
Le début d’un mouvement plus important encore
Si la firme de Cupertino venait bel et bien à délocaliser une plus grande partie de ses propres usines et à convaincre ses partenaires d’en faire autant, cela pourrait inciter d’autres entreprises technologiques à en faire de même. Apple n’est en effet pas la seule à avoir été impactée par les confinements en Chine.
Une situation qui a poussé certains à repenser la mondialisation ou tout simplement à réévaluer leur dépendance à la Chine. De quoi pousser un exode vers des pays asiatiques où le prix de la main-d’œuvre reste intéressant.
Un exode déjà en marche
La Chine fait déjà face à une baisse des investissements étrangers. Alors que ses mesures anti-Covid se poursuivent, le pays a vu sortir 17,5 milliards de dollars étrangers rien qu’au mois de mars, selon les données de l’Institute of International Finance (IFF).
Outre sa bataille contre le coronavirus, le refus de Pékin de condamner de l’invasion de l’Ukraine par la Russie est mal perçu à l’international. De nombreux investisseurs et plusieurs entreprises américaines ont déjà pris leur distance. Ils craignent en effet que la guerre de Poutine en Ukraine ne soit le coup de pouce qu’il fallait à la Chine pour envahir Taïwan, selon des analystes politiques, ce qui serait évidemment une mauvaise chose pour leurs affaires.
Malgré les risques, il ne faut pas s’attendre à un changement radical ou rapide, que ça soit pour Apple ou pour d’autres entreprises étrangères. Ces dernières ont passé des décennies à investir dans le pays pour développer leurs usines, mais aussi pour construire des relations avec la Chine, rappelle le Wall Street Journal, de sorte que tirer un trait sur tout ça demandera du temps.
D’ailleurs, si la question de diversifier la chaine d’approvisionnement d’Apple est bel et bien sur la table, rien ne dit que cela aboutira à quelque chose de concret et de conséquent, car « souvent, au bout du compte, les gens trouvent que c’est difficile à mettre en œuvre », a déclaré Nick Marro, responsable du commerce mondial à The Economist Intelligence Unit à CNBC.