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La nouvelle montée des prix de l’énergie douche les espoirs d’un recul de l’inflation : « L’énergie a toujours été talon d’Achille de l’Europe, et elle en paye aujourd’hui le prix »

La nouvelle montée des prix de l’énergie douche les espoirs d’un recul de l’inflation : « L’énergie a toujours été talon d’Achille de l’Europe, et elle en paye aujourd’hui le prix »
Christine Lagarde. (Getty Images)

Personne n’a dit que le combat contre l’inflation serait simple. Mais force est de constater qu’avec la nouvelle hausse du prix du gaz et de l’électricité, la lutte contre la hausse des prix est loin d’être terminée. Tous les yeux se tournent naturellement vers les banques centrales et la BCE en particulier.

Le prix du gaz a repris 40% depuis début août et a bondi de près de 300% depuis le début de l’année.

Avec lui, les prix de l’électricité décollent à 600 euros le MWh dans le centre de l’Europe, notamment en France et en Belgique. Le Portugal et l’Espagne ont eux décidé de s’affranchir du système tarifaire en plafonnant les prix. Les pays scandinaves peuvent quant à eux compter sur leurs capacités de renouvelable qui sont supérieures à celles du continent.

Mais globalement, toute l’Europe est logée à la même enseigne. Alors que l’on pouvait espérer un pic de l’inflation pour le mois de juillet, il semble que la hausse des prix va encore s’installer durablement.

Au Royaume-Uni, on ne se fait plus guère d’illusions. La Banque d’Angleterre fait déjà le pari d’une inflation à 13% pour le mois d’octobre. Un banquier de la Citi voit même l’inflation grimper à 18,6% début 2023.

« La clé, c’est l’énergie, l’énergie, l’énergie. Il y a une crise de l’énergie, soyons honnêtes, les prix de l’électricité sont 10 fois supérieurs aux niveaux pré-Covid, c’est un choc pour le système », a déclaré Thomas Costerg, économiste principal chez Pictet Wealth Management, interrogé par Reuters.

« Les États-Unis et l’Europe sont sur des chemins différents. Nous savions tous que le talon d’Achille de l’Europe est l’énergie étrangère et maintenant, ils en paient le prix », a-t-il expliqué, en faisant référence à la dépendance européenne au gaz russe.

Les marchés en berne, l’euro en baisse

Depuis leur sommet sur 3 mois atteint mardi dernier, les actions mondiales ont perdu 4,3% de leur valeur en moyenne. L’euro a de nouveau plongé sous le dollar, et JP Morgan estime que le taux de change pourrait tomber à 0,95 dollar d’ici la fin de l’année. Monica Defend, directrice de l’Institut Amundi, abonde en ce sens et prévoit une chute de l’euro à 0,96 dollar d’ici décembre, en raison de la faiblesse de l’économie européenne.

Au niveau de l’inflation européenne, Bert Colijn, économiste chez ING, penche pour une nouvelle hausse vers les 10% ou plus pour le mois d’août, contre 8,9% au mois de juillet.

« Le marché était de plus en plus confiant que la récession allait être le thème dominant, que les banques centrales allaient être plus conciliantes ou détendues dans leur resserrement de politique », abonde Richard McGuire, responsable de la stratégie des taux chez Rabobank. « Depuis le début de la semaine dernière, cela s’est complètement inversé ».

Tous les yeux tournés vers les banques centrales

Mais avec une telle montée des prix de l’énergie, les politiques des banques centrales auront-elles encore un effet ? La question se pose sérieusement en Europe. On voit que l’inflation est toujours dominée par un problème de l’offre et non de la demande. « Par conséquent, la Banque centrale européenne (BCE) ne peut exercer qu’une influence limitée sur l’inflation », nuance M. Colijn. « Et le régulateur s’en rend compte aussi. Il n’est donc pas prêt, comme la Réserve fédérale, à plonger l’économie dans la récession. Nous nous attendons donc à ce que la BCE mène une politique moins stricte que son homologue américaine. »

Aux États-Unis, une récession de courte durée n’est pas forcément vue comme une mauvaise chose, car elle permettrait de soulager les chaines d’approvisionnement. En outre, les USA sont moins touchés par la crise de l’énergie, ce qui rend la politique monétaire de la Fed plus efficace.

Jeudi, la BCE publiera le procès-verbal de sa dernière réunion sur les taux d’intérêt. Les investisseurs étudieront sans doute ces textes en détail pour savoir ce qui pourrait être sur la table lors de la prochaine réunion, en septembre. Une hausse de 50 points est le scénario de base pour beaucoup, comme en juillet dernier.

« On s’attendait à ce que l’inflation en Europe augmente au quatrième trimestre, mais l’ampleur de la hausse à laquelle nous sommes maintenant confrontés est un événement nouveau en raison de la nouvelle flambée des prix du gaz », a déclaré Holger Schmieding, économiste en chef chez Berenberg, cité par Reuters. « C’est un nouveau choc qui n’était pas prévu il y a quelques semaines ».

C’est là la plus grande inconnue sur le Vieux continent. Il n’est pas du tout certain que la politique monétaire de la BCE, qu’elle soit agressive ou plus mesurée, ait une influence prépondérante sur l’inflation.

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