Le gouvernement du Premier ministre Kyriakos Mitsotakis a pris des mesures évocatrices pour faire revenir les citoyens qualifiés qui se sont exilés dans le sillage de la crise de 2008. Reste à savoir si son plan, ‘ReBrain Greece’, sera vraiment convaincant pour les Grecs expatriés.
Depuis 2008, ce ne sont pas moins de 470.000 Grecs – un chiffre colossal sur une population d’à peine 11 millions d’habitants – qui ont quitté leur pays, faute de perspectives prometteuses. Plus de 270.000 d’entre eux seraient des professionnels qualifiés. La Grèce a ainsi souffert de la plus grande fuite de cerveaux d’un État industrialisé de l’histoire récente. Nombre de médecins et d’ingénieurs grecs, âgés de 20 à 39 ans, sont ainsi partis travailler en Allemagne, au Royaume-Uni et aux Emirats arabes unis, selon des données de la Banque de Grèce.
ReBrain Greece
Depuis son arrivée au pouvoir en juillet dernier, le Premier ministre Kyriakos Mitsotakis a pris un certain nombre de mesures drastiques pour relancer l’économie du pays. Celles-ci incluent des réductions d’impôts et un programme de privatisations, entre autres. Les résultats sont déjà tangibles, et la bourse grecque a gagné 40% cette année.
Dans le cadre du programme ReBrain Greece, dévoilé au début de ce mois par le ministre du Travail Yiannis Vroutsis, les natifs qui reviendront en Grèce se verront garantir un emploi rémunéré au moins 3.000 euros bruts par mois pendant au moins deux ans. L’Etat s’est engagé à financer 75% du salaire promis la première année, et s’est fixé l’objectif de faire revenir 500 personnes d’ici le mois de février. Une plateforme a été créée pour permettre aux entreprises de publier leurs offres d’emplois.
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‘Je n’ai pas quitté la Grèce parce qu’il me manquait 3.000 euros par mois’
Mais à peine une semaine après cette annonce, seules 10 entreprises grecques avaient effectivement posté des offres d’emplois.
Des sondages, menés au cours des dernières années, ont révélé que 4 Grecs exilés sur 10 refusent de retourner en Grèce. La moitié des Grecs à l’étranger expliquent qu’ils n’envisageraient leur retour que s’ils étaient certains de retrouver les mêmes conditions de salaires et de travail que celles dont ils bénéficient dans leur pays d’accueil.
‘Je n’ai pas quitté mon pays il y a huit ans parce qu’il me manquait 3.000 euros dans mon budget mensuel’, explique Yiorgos Gotsinas, un consultant en communication d’entreprise parti au Royaume-Uni, où il a fondé une entreprise de formation en informatique. Il explique que c’est le désir de mener une ‘vie normale’ qui l’a poussé à partir. ‘Demander de revenir à quelqu’un qui a travaillé dur à l’étranger pour offrir à sa famille la stabilité et de meilleures perspectives d’avenir est irréaliste. Alors, 3.000 euros pour rentrer au pays? Merci, mais non merci.’
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