L’administration Trump menace d’imposer des droits de douane additionnels, pouvant aller jusqu’à 100%, sur l’équivalent de 2,4 milliards de dollars de produits français.
C’est une vengeance qui peut coûter très cher à la France. Suite à l’instauration chez nos voisins d’une taxe sur les géants américains du numérique (taxe GAFA), les États-Unis ont finalement décidé de rendre la pareille sur l’importation de produits français.
Le vin épargné, pas le champagne
Une enquête ouverte en juillet dernier par le représentant américain au Commerce (USTR) conclut en effet que cette législation française dite ‘GAFA’ (Google, Apple, Facebook et Amazon) porte préjudice aux entreprises américaines. ‘Les chiffres français sont déraisonnables et discriminatoires’, a déclaré le représentant commercial des États-Unis. ‘Une étude de l’USTR montre que les chiffres français discriminent les entreprises numériques américaines comme Google, Apple, Facebook et Amazon.’
S’ils devaient effectivement entrer en vigueur, les droits supplémentaires à l’importation concerneraient divers produits français, dont de nombreux fromages, yaourts, vins mousseux, mais aussi des produits cosmétiques tels que le savon et le maquillage. Pour l’instant, le vin traditionnel est donc encore épargné, bien qu’il fasse déjà l’objet de représailles américaines dans un autre litige commercial sur des subventions européennes à Airbus.
Des menaces ‘inacceptables’
Le ministre français des Finances, Bruno Le Maire, a rapidement réagi ce mardi. ‘Le simple projet, qui pourrait s’appliquer d’ici 30 jours, de nouvelles sanctions contre la France, c’est inacceptable’, a-t-il affirmé sur Radio Classique. ‘Ce n’est pas le comportement que l’on attend des Etats-Unis vis-à-vis de l’un de ses principaux alliés, la France, et d’une manière générale l’Europe’, a ajouté M. Le Maire, dont les propos ont été relayés par l’AFP.
Le ministre français a pris contact avec la Commission européenne et attend de l’Union européenne qu’elle réplique avec force si les menaces américaines devaient se concrétiser.
En juillet dernier, le Parlement français avait donné son feu vert à une taxe sur les services numériques, une mesure qui a fait grincer les dents du président américain Donald Trump. Elle s’applique aux géants du Web dont le chiffre d’affaires mondial est d’au moins 750 millions d’euros et le chiffre d’affaires français d’au moins 25 millions d’euros. Une taxe sur le chiffre d’affaires de 3% leur est imposée. L’impôt cible les revenus provenant de la publicité, de la vente de données et des commissions. De 3% pour les géants américains, on passe donc à une taxe allant jusqu’à 100% pour les produits français. Il ne fait pas bon déplaire aux États-Unis…
D’autres pays visés
L’USTR a en outre indiqué dans un communiqué qu’il envisageait d’ouvrir une enquête à l’encontre de l’Autriche, de l’Italie et la Turquie pour déterminer si les taxes du numérique de ces pays menaçaient également les entreprises américaines.
Précisons encore que les sociétés chères à Donald Trump ne sont pas les seules visées par la taxe GAFA française. Selon Paris, une trentaine d’entreprises devront y contribuer. Principalement des entreprises américaines, mais aussi chinoises, allemandes, espagnoles et britanniques… ainsi qu’une entreprise française.
La France avait assuré à plusieurs reprises aux Américains que l’impôt ne visait pas spécifiquement leurs entreprises, mais Donald Trump n’a donc rien voulu entendre. Selon lui, il s’agit d’une fausse taxe. Par le passé, il avait déjà menacé à plusieurs reprises d’imposer des droits de douane élevés sur les vins français et d’autres produits.