Principaux renseignements
- Sébastien Lecornu a démissionné de son poste de Premier ministre après moins d’un mois de mandat en raison de l’intransigeance partisane et de l’incapacité à parvenir à un compromis sur les propositions budgétaires.
- La démission de Sébastien Lecornu a suscité des inquiétudes sur les marchés, soulignant les défis financiers de la France, notamment un déficit budgétaire important et un ratio dette/PIB élevé.
- Le président Macron est confronté à des choix difficiles : nommer un nouveau premier ministre, dissoudre l’assemblée nationale et convoquer de nouvelles élections, ou démissionner.
La France a connu une journée tumultueuse dans son arène politique lundi, mettant encore plus en lumière la crise qui s’aggrave dans le pays. Le nouveau Premier ministre Sébastien Lecornu a démissionné moins d’un mois après son entrée en fonction, marquant ainsi le mandat le plus court d’un Premier ministre français dans l’histoire moderne.
Déception face aux blocages politiques
Lecornu a cité l’intransigeance partisane comme la principale raison de sa démission, déclarant que même s’il était prêt à faire des compromis, chaque parti exigeait l’adoption complète de son propre programme. Il s’est dit déçu que les « attitudes partisanes » et « certains egos » entravent les progrès.
Son départ a suscité l’inquiétude des marchés, l’indice boursier CAC 40 chutant de 2 pour cent et l’euro de 0,7 pour cent. La France supporte un lourd fardeau financier, avec un ratio dette/PIB qui occupe la troisième place la plus élevée de l’UE et un déficit budgétaire projeté proche de 6 pour cent.
Derniers efforts
À la suite d’une réunion avec le président Emmanuel Macron, Lecornu a accepté de faire une dernière tentative pour négocier une solution. Il s’est engagé à informer Macron d’ici mercredi soir si un compromis a pu être trouvé.
La crise actuelle découle des élections générales anticipées de 2024, qui ont abouti à un Parlement sans majorité, divisé entre trois blocs à peu près égaux : la gauche, l’extrême droite et l’alliance de centre-droit de Macron. L’absence de majorité claire a exacerbé l’instabilité, aggravée par les difficultés financières de la France et les prochaines élections présidentielles de 2027.
L’impasse budgétaire
Lecornu a dû faire adopter un budget d’austérité par un Parlement fragmenté pour réduire l’important déficit budgétaire. Ses deux prédécesseurs immédiats ont échoué face à cette tâche, car les députés les ont évincés à cause du plan.
La réaction brutale contre le nouveau cabinet de Lecornu, en particulier de la part du parti de centre-droit Les Républicains (LR), a été le catalyseur immédiat de sa démission. Le parti LR a fait valoir que la composition largement inchangée ne reflétait pas la « rupture profonde » avec la politique passée que Lecornu avait promise.
L’annonce des postes clés du cabinet a déclenché de nombreuses critiques, alliés et opposants dénonçant les sélections comme étant soit trop à droite, soit pas assez, menaçant ainsi de déstabiliser le nouveau gouvernement. Le retour de Bruno Le Maire, ministre de l’Économie de longue date de Macron, au poste de ministre de la Défense a alimenté le mécontentement de l’ensemble de l’échiquier politique.
Le dilemme de Macron
Macron doit désormais choisir entre trois options difficiles : nommer un nouveau Premier ministre, dissoudre l’Assemblée nationale et convoquer de nouvelles élections législatives, ou démissionner. Chacune de ces options présente des risques importants et des inconvénients potentiels.
La nomination d’un nouveau premier ministre issu de son propre camp semble improbable en raison de l’opposition potentielle à ses réformes des retraites. Un homme de gauche modéré serait également confronté à des difficultés similaires. Le choix d’un homme de droite confirmé pourrait aliéner le bloc de gauche.
La dissolution de l’assemblée nationale, bien qu’envisageable, comporte le risque d’un nouveau Parlement divisé, voire d’ouvrir la voie à un gouvernement d’extrême droite.
La démission, bien qu’exclue à plusieurs reprises par Macron, reste une option, mais elle signifierait un changement politique important. (fc)
Suivez également Business AM sur Google Actualités
Si vous souhaitez accéder à tous les articles, abonnez-vous ici!

