La fin de la liberté de la presse en Argentine? Le gouvernement veut prendre le contrôle du principal fabricant de papier journal du pays

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La présidente de l’Argentine, Cristina Fernandez de Kirchner, a récemment émis une proposition de loi pour augmenter la participation du gouvernement dans Papel Prensa, le plus gros fabricant de papier journal du pays, pour la faire passer de 28% à 52%, rapporte America Economia. Comme elle détient la majorité au parlement, cette loi devrait passer sans encombre, ce qui permettra à la présidente d’exercer un contrôle sur le groupe de médias Clarin, qui lui est politiquement opposé, explique le journal.

Actuellement, la Nacion, le plus grand journal conservateur du pays, et le Groupe Clarin, le journal le plus important du pays, sont les actionnaires majoritaires de Papel Prensa. Avec la nouvelle loi, leurs parts tomberaient à moins de la moitié de l’actionnariat, et c’est l’Etat argentin qui deviendrait actionnaire majoritaire. Ce dernier pourrait ainsi entraver les impressions de ces deux journaux à chaque fois qu’il les jugerait trop critique à son égard. Compte tenu du contrôle des changes et des importations qui ont été institués en Argentine, il est compliqué et coûteux d’importer du papier, ou tout composant du papier.

Cette mesure s’analyse donc comme une véritable stratégie de censure envers deux titres de presse, dont l’un, Clarin, s’opposait ouvertement au gouvernement de Kirchner, affirme America Economia. Par exemple, deux semaines auparavant, Channel 13, la chaîne de télévision du groupe Clarin, avait révélé que feu Nestor Kirchner, le mari décédé de la présidente qui l’avait précédée à son poste, était impliqué dans un scandale de blanchiment d’argent et de corruption. Bien entendu, il semble que dans le cas où la nationalisation serait menée à bien, des révélations de ce type ne pourront plus avoir cours.

Depuis son arrivée au pouvoir, Kirchner a pris le contrôle de la Banque Cenrale, des fonds de pension, et d’YPF, une compagnie pétrolière. « Pendant ses six années de mandat, Cristina Fernandez de Kirchner a fait tout ce qui était en son pouvoir pour nuire au secteur privé, à l’indépendance des pouvoirs de l’Etat, au pluralisme et à la liberté de la presse, qui sont tous les piliers de la croissance économique et de la coexistence démocratique, causant de substantiels dégâts à l’Argentine. Heureusement, les Argentins commencent à réaliser ce qui se passe », conclut le journal.