La FGTB lance sa campagne contre la loi de 1996

La FGTB a lancé mardi, devant la gare Centrale de Bruxelles, sa campagne pour appeler à une modification de la loi de 1996 sur la norme salariale. Près d’une centaine de personnes, selon l’estimation de la police de Bruxelles-Ixelles, et jusqu’à 300, selon les organisateurs, y étaient présents. Une manifestation nationale est prévue le 24 septembre prochain.

A l’issue de leurs discours, Thierry Bodson et Miranda Ulens, respectivement président et secrétaire générale de la FGTB, ont remis des « prix de l’indécence » à trois acteurs représentant les trois entreprises belges qui versent les plus gros dividendes en 2021, calculés sur la base des bénéfices de 2020. Il s’agit de KBC (1,02 milliard d’euros de dividendes), d’AB InBev (1,01 milliard) et d’Ahold Delhaize (991 millions).

Les trois hommes en costume montés sur des échasses ont toisé les militants en leur jetant quelques faux billets. Ces derniers arboraient sur des pancartes et banderoles des messages comme « La loi sur la marge salariale écrase nos salaires », « A quand la révision de la loi de 96 ? » et « Moins de dividendes, plus de salaires ».

« L’arrêté royal qui va fixer la norme à 0,4% va sortir dans les prochains jours », a fait remarquer Thierry Bodson. « Après la manifestation du 24 septembre, une campagne va s’étendre du mois d’octobre jusqu’au mois de juin. Si la loi de 96 n’est pas revue, on n’ira pas négocier un accord interprofessionnel (AIP) la prochaine fois. On refuse de continuer à jouer dans cette pièce-là », prévient-il.

Les trois syndicats, FGTB, CSC et CGSLB, ont approuvé en juin le projet d’accord social sur la flexibilité, les fins de carrières et le salaire minimum conclu par les partenaires sociaux réunis au sein du Groupe des 10. La norme salariale de 0,4% ne figure pas dans l’accord mais ce « plafond » limite les syndicats dans les négociations sur les augmentations salariales. La FGTB remarque que l’article 14 de la loi n’est par contre pas appliqué, ce qui autorise une envolée des dividendes.

L’AIP est passé de justesse à la FGTB, certaines voix contre qui auraient fait pencher la balance du côté du non n’ayant pas été communiquées dans les temps. « C’est passé tout juste et c’est la preuve que cette loi de 96, même si elle ne faisait pas partie de l’accord, a lourdement pesé dans la réflexion des militants », continue Thierry Bodson. « Le prix à payer avec cette modération salariale à 0,4% est inacceptable pour une grande majorité des militants. La Banque nationale annonce déjà des taux de croissance de l’ordre de 9% cumulés pour 2021-2022, 6 en 2021 et 3 en 2020, et si la loi reste d’application on va se retrouver avec une marge négociable de l’ordre de 1% pour le prochain AIP 2023-2024, qui sera à négocier fin 2022-début 2023. On annonce dès maintenant que nous n’irons pas négocier dans ces conditions-là. »

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