La Fevia appelle les décideurs « à pimenter leurs politiques » en vue des élections de juin prochain. La Fédération de l’industrie alimentaire pointe notamment du doigt la position concurrentielle de notre pays par rapport aux pays voisins. Cette année, les Belges ont fait comme jamais leurs courses à l’étranger, surtout en France. La faute, entre autres, au handicap salarial, estime la Fevia, et donc indirectement à l’indexation automatique des salaires. Voilà qui fait écho à une position similaire défendue par la FEB, ce lundi. Les socialistes connaissent « la petite chanson de la FEB », mais la suppression de l’indexation, ce sera « non ».
Dans l’actu : la Fevia fait 15 propositions au monde politique « pour un avenir durable grâce à une industrie alimentaire forte ».
- On notera en première position la volonté de la Fevia de bénéficier « d’une concurrence loyale avec l’étranger ».
- L’industrie alimentaire appelle les autorités à donner les mêmes subventions ou aides d’État que dans les pays voisins et à établir le même système de taxation.
- Sans quoi, « c’est une situation lose-lose pour nos entreprises alimentaires et leurs employés, pour le consommateur belge (qui se déplace plus loin) et pour le gouvernement (qui perd des recettes). »
- La Fevia met aussi en exergue les coûts salariaux : « En 2023, le handicap salarial en Belgique s’élevait à une moyenne impressionnante de 29,1 % par rapport aux pays voisins. Cela signifie que chaque heure travaillée est en moyenne près de 30 % plus chère que chez nos voisins. »
Les chiffres : les Belges foncent sur la France.
- Selon une récente enquête de GfK, une société spécialisée dans la recherche sur la consommation, 1.6 million de foyers belges font parfois leurs courses à l’étranger, sur les 5,1 millions de ménages que compte notre pays.
- Selon la Fevia, la Fédération de l’industrie alimentaire belge, les Belges ont dépensé 543 millions d’euros dans les supermarchés étrangers en 2022. Un total qui a déjà été dépassé cette année rien que sur les 3 premiers trimestres, avec 566 millions d’euros dépensés.
- 2023 marquera un record : la Fevia évalue à 700 millions d’euros les montants dépensés dans les supermarchés étrangers d’ici la fin de l’année.
- Entre-temps, l’inflation alimentaire qui était de 20% début 2023 était encore à 10% en novembre. Elle baisse, mais trop lentement, selon Testachats.
Le contexte : le coup de pression de la FEB.
- Hier, c’est la FEB qui a fixé ses « 10 recommandations » pour « une Belgique plus forte ». Parmi les mesures, on y retrouvait, comme toujours, « la suppression de l’indexation automatique des salaires ». Un système, rappelons-le, quasi unique au monde et qui indexe les salaires par rapport à l’inflation.
- La FEB estime, sur base des calculs du Conseil central de l’économie (CCE), que notre handicap salarial se rapproche des 15%, alors qu’il était retombé à près des 8%, avant la vague inflationniste qui a mené aux indexations.

Credit : FEB
- Du côté des socialistes, on estime que l’indexation automatique des salaires est une mesure de protection du pouvoir d’achat. Et que cette mesure a permis de maintenir la consommation, avec une croissance à la clé de 1,5% en 2023, l’une des plus fortes en Europe.
- Les socialistes, notamment Thomas Dermine, secrétaire d’État à la Relance, insistent également sur le fait que cette indexation n’a pas mené à une boucle prix-salaire, puisque notre pays a l’inflation la plus basse d’Europe.
- La question est de savoir si notre pays pourra éviter un retour de bâton. Cette croissance alimentée artificiellement par la hausse des salaires pourrait empiéter sur la croissance future, tandis que l’inflation est attendue à la hausse l’année prochaine, à 4%, ce qui mènera inévitablement à de nouvelles indexations.
Les réactions : c’est « non » pour les socialistes.
- La nouvelle présidente de Vooruit, Melissa Depraetere, a vivement réagi au communiqué de la FEB hier : « Les revoilà (soupir). L’indexation constitue la meilleure protection du pouvoir d’achat des citoyens. Nous, socialistes, l’avons introduite et nous, socialistes, sommes les seuls à continuer à la défendre. Vooruit se bat pour le pouvoir d’achat. »
- Du côté du PS, c’est Karine Lalieux, ministre des Pensions, qui est montée au front avec une réaction laconique : « C’est non. Dans toutes les langues ! » Sur LN24, elle a estimé que la « petite chanson de la FEB » était à chaque fois la même : « Tout coûte trop cher quand il s’agit des travailleurs, mais quand il s’agit des profits des entreprises, évidemment, on n’en parle pas. » Lalieux ajoute que quand on voit « les profits des grandes entreprises, la FEB pourrait travailler d’une autre manière« .
- Il reste à voir ce qu’en pensent les PME, qui représentent 90% du tissu économique en Belgique.