Les populations d’insectes sont en train de décliner rapidement à travers le monde à cause de l’utilisation de pesticides et d’autres facteurs. Ce phénomène pourrait avoir un effet potentiellement catastrophique sur notre planète, indique une nouvelle étude.
Selon le rapport, plus de 40% des espèces d’insectes pourraient disparaître au cours des prochaines décennies. La biomasse d’insectes diminue de 2,5% par an. Cela conduirait à des extinctions généralisées sur un siècle. Par ailleurs, un tiers des insectes sont en danger. Par conséquent, cela pourrait provoquer l’effondrement des écosystèmes de la planète et avoir un impact dévastateur sur la vie sur Terre.
Première étude globale
Le rapport est l’œuvre de scientifiques des universités de Sydney et du Queensland et de l’Académie des sciences agricoles de Chine. Pour aboutir à ces conclusions, les chercheurs ont examiné des dizaines de rapports existants sur le dépérissement des insectes, publiés au cours des trois dernières décennies. Selon les auteurs, l’image globale de la situation est alarmante. Il s’agit de la première étude véritablement globale au sujet du déclin des insectes.
L’étude souligne l’importance de la vie des insectes pour les écosystèmes interconnectés et pour la chaîne alimentaire. Les insectes représentent environ 70% de toutes les espèces animales.
Conséquences catastrophiques
Les répercussions de l’extinction des insectes seraient pour le moins catastrophiques, indique le rapport. En effet, les insectes constituent la base structurelle et fonctionnelle de nombreux écosystèmes mondiaux depuis environ 400 millions d’années.
Parmi les causes de ce déclin, on trouve la perte d’habitat, le passage à l’agriculture intensive, l’urbanisation ainsi que la pollution des pesticides et des engrais. Des facteurs biologiques tels que les agents pathogènes et les espèces introduites sont aussi responsables de cette extinction. Enfin, le changement climatique joue également un rôle. A côté des insectes en déclin, un petite groupe d’insectes adaptables a augmenté. Toutefois, ce nombre n’est pas suffisant pour endiguer le déclin.
Petites créatures qui dirigent le monde
Selon Don Sands, un entomologiste et scientifique à la retraite de l’Organisation de recherche scientifique et industrielle du Commonwealth, les effets de la perte d’insectes sont sérieux. « Si nous n’avons pas d’insectes en tant que modérateurs d’autres populations d’organismes nuisibles, d’autres populations viennent ruiner les cultures, ce qui les rend difficile à cultiver », a expliqué le scientifique.
« Si nous ne nous attaquons pas à ce problème, toutes nos vies pourraient en subir les conséquences. Les insectes sont les petites créatures qui dirigent le monde. »
Problème connu
Les rapports sur le déclin des insectes ne sont pas nouveaux. Cela fait des années que les chercheurs mettent en garde contre ce phénomène et son impact. En 2018, une étude avait indiqué que les populations d’insectes volants dans les réserves naturelles allemandes avaient diminué de plus de 75% au cours d’une période de 27 ans. Cette constatation indique que le déclin a lieu au-delà des zones touchées par l’activité humaine. Selon les scientifiques, les espèces dépendant des insectes risquent de souffrir de ce déclin. Les prédateurs situés au plus de la chaîne alimentaire sont également concernés. La pollinisation des cultures et des plantes sauvages subiront aussi les conséquences. Le cycle des éléments nutritifs dans le sol sera en outre affecté.
Les services écosystémiques fournis par les insectes sauvages équivalent à 57 milliards de dollars par an aux États-Unis. Environ 80% des plantes sauvages utilisent des insectes pour la pollinisation. 60% des oiseaux se nourrissent d’insectes. Dès lors, le déclin des insectes constitue un danger immédiat, a déclaré Don Sands. On pourrait ainsi aboutir à la perte d’oiseaux insectivores. Par ailleurs, des oiseaux de plus grande taille pourraient décider de se nourrir d’autres oiseaux s’il y a un manque d’insectes.
Action radicale et immédiate
Les auteurs du rapport ont plaidé pour une action radicale et immédiate.
« Comme les insectes constituent le groupe d’animaux le plus abondant et le plus diversifié au monde et fournissent des services essentiels au sein des écosystèmes, on ne peut ignorer de tels événements. Cela doit inciter à une action décisive pour éviter un effondrement catastrophique des écosystèmes naturels. »
Selon les chercheurs, il faut revoir les méthodes agricoles existantes. Ils proposent de réduire drastiquement l’utilisation de pesticides. Il est nécessaire de les substituer par des pratiques durables et écologiques.