Principaux renseignements
- Les femmes en politique sont de plus en plus confrontées à la haine et à l’extrémisme en ligne visant à les réduire au silence.
- L’attitude méprisante de certaines personnalités de l’establishment décourage encore davantage la participation des femmes à la politique.
- Le ciblage des femmes, des immigrés et des minorités menace les valeurs démocratiques et la représentation.
La récente démission d’Anna-Karin Hatt, chef du parti suédois du Centre, met en lumière une tendance inquiétante : la menace croissante de la haine et de l’extrémisme en ligne qui pousse les femmes à se retirer de la vie publique. Anna-Karin Hatt a pris sa décision après avoir subi une quantité insupportable de harcèlement et de menaces, ce qui l’a obligée à donner la priorité à la sécurité de sa famille. Cette décision fait écho à l’expérience de sa prédécesseure, Annie Lööf, qui a également démissionné il y a trois ans pour des raisons similaires, notamment des menaces néonazies et du harcèlement.
Conséquences pour la démocratie
Ce phénomène n’est pas propre à la Suède. Dans le monde entier, les femmes en politique sont confrontées à une augmentation alarmante des menaces violentes et des actes d’intimidation visant à les réduire au silence. Les groupes extrémistes, alimentés par un environnement en ligne toxique et l’influence croissante des partis d’extrême droite, cherchent à affirmer leur domination par la peur et le harcèlement. C’est ce qu’écrit The Guardian.
Malgré la gravité de la situation, certaines personnalités de l’establishment ont minimisé ces préoccupations. Le premier ministre suédois a même suggéré que Hatt aurait dû avoir « l’épiderme plus épais », laissant entendre qu’elle était en quelque sorte responsable des abus qu’elle a subis. Cette attitude dédaigneuse marginalise encore davantage les femmes et les décourage de participer à la vie politique.
Une action urgente s’impose
Les conséquences sont désastreuses. Si les femmes, les immigrés et les minorités ne se sentent pas en sécurité lorsqu’ils entrent dans la vie publique, les valeurs démocratiques et la représentation s’en trouveront érodées. Les récentes attaques contre Hatt et Lööf soulignent la nécessité urgente de s’attaquer à ce problème croissant.
Les deux femmes ont décrit les expériences pénibles qu’elles ont vécues, notamment les menaces de mort, le harcèlement physique et les campagnes de diffamation en ligne. Lööf a spécifiquement attribué les attaques à son refus de former un gouvernement avec un parti d’extrême droite.
Cibles des groupes d’extrême droite
Une grande partie de l’hostilité envers le Parti du Centre provient de sa position relativement libérale sur l’immigration, attirant l’ire à la fois des nationalistes d’extrême droite et des conservateurs traditionnels qui ne sont pas satisfaits de la décision du parti de prendre ses distances avec le parti modéré au pouvoir et de leur alliance avec les Démocrates de Suède.
Des enquêtes ont révélé que les Démocrates de Suède exploitent de vastes fermes à trolls pour diffuser de la désinformation et harceler les opposants politiques. Leur propre média diabolise constamment le parti du centre, recourant à un langage désobligeant et à des attaques personnelles contre Lööf.
Cette montée de la violence politique n’est pas sans précédent en Suède. Les assassinats du Premier ministre Olof Palme en 1986 et de la ministre des affaires étrangères Anna Lindh en 2003 nous rappellent avec effroi la fragilité de la démocratie.
Problème mondial
Le ciblage des femmes en politique est un problème mondial, des études montrant que la grande majorité des femmes parlementaires subissent une forme ou une autre de violence psychologique, y compris des menaces de mort et du harcèlement sexuel. Cette tendance alarmante exige une attention immédiate et des solutions globales pour garantir la sécurité et la participation égale de tous les individus à la vie publique.
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