Il est fort probable que le coronavirus fasse plus de 1 million de victimes cette année alors qu’il a déjà fait chuter l’économie mondiale. Mais bien que ce soit une vérité qui ‘dérange’, si nous ne maîtrisons pas les émissions de gaz à effet de serre, le nombre de morts et le coût économique de la hausse des températures mondiales pourraient largement l’emporter sur le choc épidémique.
Depuis la pandémie, la crise climatique a été reléguée au second plan. Les conséquences seront pourtant encore plus dramatiques si nous n’agissons pas. Une nouvelle étude réalisée par le Climate Impact Lab, qui rassemble des climatologues éminents du monde entier, révèle à quel point la hausse des températures est dangereuse pour la santé publique à échelle mondiale.
Équivalent à toutes les maladies infectieuses confondues
Plus de 725.000 personnes dans le monde sont mortes à ce jour des suites du COVID-19. Sur une base annuelle, cela représente un taux de mortalité de 14 personnes par tranche de 100.000 personnes.
Si nous continuons dans cette direction, le réchauffement climatique provoquera 73 décès par tranche 100.000 personnes d’ici la fin du siècle. Ce taux est comparable au taux de mortalité actuel pour toutes les maladies infectieuses confondues, y compris la tuberculose, le SIDA, le paludisme, la dengue, la fièvre jaune et les maladies transmises par les tiques, les moustiques et les parasites. Ensemble, ces maladies sont responsables de 74 décès pour 100.000 personnes dans le monde.
En d’autres mots, d’ici la fin du siècle, le réchauffement climatique pourrait être cinq fois plus dévastateur que la pandémie qui sévit actuellement sur notre planète.
Des températures mortelles
Les décès causés par le réchauffement climatique ne concernent pas seulement des personnes qui meurent de déshydratation ou d’insolation. On constate par exemple une nette augmentation du nombre de crises cardiaques lors d’une vague de chaleur. Il est aussi frappant de constater à quel point la crise climatique affecte les mêmes groupes de population que la pandémie.
‘De nombreuses personnes âgées meurent des effets indirects de la chaleur’, déclare Amir Jina, chercheur principal de l’étude au quotidien The Guardian. ‘C’est étrangement similaire au Covid – les personnes atteintes de maladies sous-jacentes sont vulnérables. Si vous avez un problème cardiaque et que la chaleur vous frappe pendant plusieurs jours, vous serez poussé dans le gouffre.’
Un coût économique
La hausse des températures pèse également sur l’économie. Selon le groupe d’experts des Nations unies sur le climat, un réchauffement moyen de seulement 2 degrés d’ici 2050 coûtera à la production économique mondiale entre 1% et 2% du PIB mondial annuel. Et un réchauffement de seulement 2 degrés est le meilleur scénario au regard des circonstances actuelles.
La Banque mondiale prévoit une contraction de l’économie mondiale de 52% du PIB cette année mais la croissance devrait reprendre en 2021. Selon les études les plus récentes, le réchauffement climatique aura lui aussi un coût économique important chaque année, à compter de 2030.
L’épidémie nous offre donc un aperçu des dommages que la crise climatique pourrait causer, si ce n’est que ces derniers s’étaleront sur une période bien plus longue.
Si la pandémie est une menace directement tangible, le danger du réchauffement climatique n’est pas ‘reconnu’ par beaucoup car il semble être une menace insaisissable qui ne nous frappera que dans quelques années. Mais les chercheurs soulignent que la menace est bel et bien réelle, et qu’elle ne doit pas être considérée comme un événement qui se produira dans un futur lointain.