De hauts responsables chinois auraient demandé à la Russie de retarder l’invasion de l’Ukraine en raison des Jeux olympiques d’hiver qui se sont tenus à Pékin, durant le mois de février, rapporte le New York Times. Le rôle joué par la Chine est de plus en plus mis en cause et explique son attitude à tout le moins « neutre » dans le conflit qui oppose Moscou à Kiev.
On en a eu une nouvelle indication, hier, lors de l’Assemblée des Nations unies sur le vote d’un texte qui exigeait la fin immédiate de la guerre en Ukraine. Sur les 193 membres, 141 pays ont approuvé le texte, cinq ont voté contre: la Russie, Bélarus, Corée du Nord, Érythrée et Syrie. 35 se sont abstenus, dont la Chine.
À la tribune, le représentant chinois a justifié l’abstention de la Chine comme suit: « La Guerre froide est terminée depuis longtemps. La mentalité de Guerre froide fondée sur la confrontation de blocs doit être abandonnée. Tout le monde sera perdant. »
Le régime communiste se refuse à parler « d’invasion » russe et dit « comprendre » les demandes « raisonnables » de la Russie en matière de sécurité, en faisant référence à l’extension de l’OTAN, entre autres.
Le rôle joué par la Chine est de plus en plus trouble: des diplomates américains ont tenté durant de longues semaines qui ont précédé l’attaque de convaincre la Chine pour mettre la pression sur les Russes. Plutôt que de le faire, les Chinois ont tout simplement prévenu les Russes de la tentative américaine de semer la discorde.
Pékin savait
Mais il y a plus, selon le New York Times. De hauts responsables des renseignements l’affirment: des diplomates chinois ont demandé à leurs homologues russes de reporter l’invasion de l’Ukraine après la fin des JO d’hiver de Pékin. Un rapport détaillé a pu être consulté par le journal new-yorkais.
Mais le quotidien précise qu’on ne peut pas non plus en conclure que Xi Jinping et Valdimir Poutine ont discuté ensemble de l’invasion russe. Mais il semble néanmoins ressortir du rapport que les Chinois savaient.
Réponse de Pékin: « Ces affirmations sont des spéculations sans aucun fondement et visent à rejeter la faute et à salir la Chine », a déclaré Liu Pengyu, porte-parole de l’ambassade de Chine à Washington, au Times.
Reste que la cérémonie de clôture des JO a eu lieu le 20 février à Pékin. Un jour plus tard, Poutine reconnaissait les provinces autonomes de Donetsk et de Lougansk comme des républiques souveraines. Trois jours plus tard, le 24 février, la Russie envahissait son voisin.
Rappelons encore que ce mardi, Pékin et Moscou ont signé un méga-deal pour la construction d’un gazoduc qui traversera la Mongolie en direction de la Chine. Le tout permettra de transporter jusqu’à 50 milliards de mètres cubes de gaz par an. Un moyen pour la Russie de moins dépendre de l’Europe vers qui elle exporte 85% de son gaz. Cet accord, en plein contexte de sanctions à l’encontre de la Russie, est considéré comme un pied de nez à la communauté internationale.