La Belgique franchit une nouvelle étape dans la 5G

C’est une décision pour le moins surprenante du dernier Conseil national de sécurité. Alors que l’on n’attendait pas le gouvernement fédéral sur ce terrain, une décision majeure a été prise sur les futures infrastructures 5G. Le gouvernement met des bâtons dans les roues des entreprises chinoises Huawei et ZTE, sans toutefois les nommer.

La technologie 5G, si elle promet des avancées en termes d’innovation, suscite également la méfiance de nos concitoyens. Le débat fait rage différemment sur le territoire, avec une méfiance plus importante au sud du pays. Pour preuve, la 5G light de Proximus se déploie uniquement en Flandre, moins soucieuse des potentiels dégâts environnementaux ou sur la santé que cette technologie pourrait provoquer (il n’y a clairement pas de consensus sur ce dernier point).

Les sous-titres peuvent être activés

Autre crainte, celle-là bien légitime, est le risque d’espionnage et par conséquent, la sécurité de nos données et de celles de nos entreprises. Or pour déployer le réseau 5G, nos opérateurs – Proximus, Telenet et Orange – doivent s’appuyer sur une infrastructure. Un énorme marché qui donne de l’appétit aux entreprises chinoises Huawei et ZTE.

Mais alors qu’elles étaient en pôle position pour empocher plusieurs contrats, des craintes au niveau européen ont mené la Belgique à la prudence. Avec une étape décisive durant le Conseil national de sécurité. Philippe De Backer (Open VLD), après avoir consulté la sécurité nationale et le régulateur du secteur, a annoncé ‘limiter l’accès aux infrastructures 5G pour les protéger’. Il ne cite pas nommément Huawei et ZTE, mais ce message leur est clairement destiné.

En fait, la Belgique veut écarter les entreprises chinoises des parties jugées ‘cruciales’ de son réseau. Ces parties restent à définir, mais l’accès sera limité sur ‘les livraisons d’antennes, le noyau ou la base du réseau’, précise le communiqué des ministres des Télécoms.

Une politique proche de la philosophie du Royaume-Uni qui protège elle aussi les parties sensibles de son infrastructure sans toutefois exclure totalement les géants chinois. En Belgique, c’est une petite révolution, car tous les opérateurs mobiles sont pour le moment 100% chinois (3G et 4G). Proximus et Orange travaillent avec Huawei pour leur couverture, tandis que Telenet collabore avec ZTE. Cette décision qui doit encore se mettre en place est donc une bonne nouvelle pour les deux autres grands fournisseurs d’infrastructures que sont Ericsson et Nokia, tous deux Européens.

Crucial

Là où la 4G était une étape technologique au niveau du divertissement sur nos smartphones principalement, la technologique 5G s’étendra considérablement dans un tas de secteurs clés de notre future économie: les véhicules autonomes, l’internet des objets, les villes intelligentes, mais aussi la 4K et puis la 8K de nos écrans… La 5G offre des améliorations en termes de débit, de latence et de densité. Totalement ancrée dans nos futures entreprises, elle fera transiter des données forcément sensibles avec les dangers que cela comporte.

Reste à voir les conséquences d’une telle décision au niveau des coûts (les Chinois restent les moins chers), mais aussi sur les délais. Certaines conditions des contrats devront être renégociées par les opérateurs, avec de potentiels retards. Un délai qui sera peut-être nécessaire pour convaincre les sceptiques que la Belgique – et principalement le sud du pays – ne doit pas rater le train en marche.

Plus