La Banque centrale européenne (BCE) a créé la surprise jeudi. Malgré la guerre en Ukraine, le régulateur mettra probablement fin au programme d’achat au troisième trimestre, ouvrant la voie à une première hausse des taux au quatrième trimestre.
La BCE opte pour une normalisation progressive de la politique monétaire. Comme annoncé précédemment, elle mettra fin au programme PEPP, ou programme d’achat d’urgence en cas de pandémie, à la fin de ce mois. Ce programme de relance sera remplacé par le programme APP, le programme d’achat qui était en place avant le début de la pandémie.
Abandon au troisième trimestre
Via le programme APP, la BCE réduira progressivement ses achats mensuels. En avril, le régulateur achètera pour 40 milliards d’euros de titres de créance. En mai, ce montant sera réduit à 30 milliards d’euros et en juin à 20 milliards d’euros. Si les anticipations d’inflation ne diminuent pas, le programme sera arrêté au troisième trimestre.
Un resserrement de la politique devrait freiner l’inflation. La dépréciation monétaire dans la zone euro a été de 5,8 % en février. La BCE vise un taux d’inflation de 2 % à moyen terme. La banque centrale prévoit que l’inflation pour l’ensemble de l’année 2022 atteindra 5,1 % et l’inflation de base 2,6 %. En 2023, l’inflation devrait baisser à 2,1 % et en 2024 à 1,9 %. En décembre, la BCE prévoyait encore une inflation de 3,2 % en 2022 et de 1,8 % en 2023 et 2024.
Cette décision de freiner plus tôt que prévu est une surprise. La guerre en Ukraine a fait resurgir le spectre de la stagflation. Celle-ci se produit lorsque l’inflation atteint un pic alors que l’économie stagne. Si le resserrement de la politique peut freiner l’inflation, il présente également un risque pour la croissance économique.
Flexibilité maximale
Malgré la fin de la politique d’achat qui survient plus tôt que prévu, Carsten Brzeski, économiste chez ING, parle d’une attitude moins musclée que ce que le marché avait prévu. « Dans l’ensemble, les décisions prises aujourd’hui constituent un bon compromis, qui maintient une flexibilité maximale dans le cadre d’une normalisation très progressive de la politique monétaire. Une première hausse des taux d’intérêt avant la fin de l’année est toujours possible », a-t-il ajouté.
Une enquête menée par l’agence de presse Reuters auprès d’économistes au début du mois a montré que la majorité d’entre eux s’attendent à ce que la BCE relève ses taux d’intérêt au cours des derniers mois de cette année. Il n’y a actuellement aucun consensus sur le mois exact au cours duquel cela se produira.
En tout état de cause, les taux d’intérêt resteront inchangés aujourd’hui. Cela signifie que les banques doivent toujours payer un taux d’intérêt punitif de 0,5 % lorsqu’elles déposent de l’argent à Francfort. Le taux principal de refinancement reste à 0 %.