Principaux renseignements
- La Banque de Russie va réduire agressivement ses taux d’intérêt de 200 points de base pour les ramener à 18 pour cent.
- Ce cycle d’assouplissement vise à alléger la pression sur les banques russes confrontées à des problèmes croissants de créances douteuses.
- Malgré l’augmentation des prêts à la consommation en souffrance, les analystes estiment que les principales banques russes ne risquent pas de s’effondrer et prévoient un soutien du gouvernement aux institutions d’importance systémique.
La Banque de Russie devrait procéder à une réduction significative des coûts d’emprunt, en les réduisant de 200 points de base à 18 pour cent vendredi. Cette réduction substantielle constitue la mesure d’assouplissement la plus agressive depuis 2022 et signifie une accélération du cycle d’assouplissement de la banque centrale après près de deux ans de resserrement de la politique monétaire selon une analyse de Reuters.
Actuellement, les taux d’intérêt élevés constituent une préoccupation majeure pour les banques russes, principalement en raison du risque d’augmentation des créances douteuses. Les économistes estiment qu’une réduction d’un point de pourcentage ne résoudrait pas fondamentalement ce problème, mais qu’un cycle d’assouplissement continu atténuerait la pression sur les banques en réduisant les dépenses liées aux réserves et, en fin de compte, en diminuant la proportion de prêts problématiques à mesure que l’activité de prêt se rétablit.
Position en capital des banques russes
La forte rentabilité au premier semestre 2023 a permis aux banques russes de constituer des réserves de capital malgré la détérioration des conditions de service des prêts causée par le maintien par la banque centrale de son taux directeur à un niveau historiquement élevé. Cette performance favorable positionne les prêteurs comme VTB, avec une part importante de prêts à taux variable, pour bénéficier au mieux de la baisse des taux, en atténuant les risques de défaut et de restructuration de la dette.
Malgré l’assouplissement des taux, les prêts à la consommation en souffrance sont en augmentation. Toutefois, le gouverneur de la banque centrale, Elvira Nabiullina, a rassuré le public en affirmant que toutes les créances irrécouvrables étaient correctement provisionnées, rejetant ainsi les rumeurs d’une crise imminente. Des sources proches de la banque centrale suggèrent qu’une baisse des taux augmentera les bénéfices des banques et renforcera la position en capital du secteur.
Réponse de la banque centrale à l’augmentation des créances douteuses
Les grands prêteurs comme Sberbank ont reconnu la croissance des prêts à la consommation en souffrance, mais maintiennent que ceux-ci sont couverts par les réserves. Les banques russes ont subi des pertes dues aux sanctions en 2022, mais avec une concurrence étrangère limitée et soutenues par deux années de croissance économique tirée par les dépenses de défense, elles ont réalisé des bénéfices records en 2023 et 2024.
La banque centrale reconnaît une augmentation notable du provisionnement en raison de la détérioration de la qualité du portefeuille de prêts aux particuliers, soulignant le défi que représente l’augmentation des créances douteuses. Toutefois, les analystes restent optimistes et estiment que ces niveaux sont actuellement gérables.
Pour répondre à l’inquiétude croissante concernant les créances douteuses, la banque centrale a resserré les limites macroprudentielles, exigeant des banques qu’elles augmentent leurs réserves pour faire face aux risques de crédit potentiels. Les banques bien capitalisées sont prêtes à élargir leurs portefeuilles de prêts à mesure que les risques de crédit diminuent, tandis que d’autres réduisent les taux de prêt et rééquilibrent leurs actifs en faveur d’options moins gourmandes en capital afin de constituer un coussin de capital plus solide.
Soutien gouvernemental aux institutions d’importance systémique
Les analystes estiment qu’en dépit de l’accumulation de créances douteuses, les grandes banques russes ne risquent pas de s’effondrer. Ils anticipent une intervention du gouvernement pour assurer la stabilité des institutions d’importance systémique par le biais de mesures de soutien ou de recapitalisation.
Au-delà des préoccupations nationales, les responsables russes expriment leurs craintes quant aux menaces extérieures qui pèsent sur la stabilité économique mondiale. Ils citent l’escalade des politiques commerciales américaines et la possibilité de nouvelles sanctions comme sources de risque.
Instabilité économique mondiale
Plus précisément, la Russie critique la politique commerciale des États-Unis sous la présidence de Donald Trump, qui a vu des hausses agressives des droits de douane sur les importations en provenance de divers pays. La récente menace de Trump de nouvelles sanctions lourdes contre la Russie et les nations qui achètent ses exportations si Moscou n’accepte pas un accord de paix sur l’Ukraine d’ici début septembre amplifie encore ces inquiétudes.
La Russie affirme que ces actions américaines pourraient entraîner une fragmentation de l’économie mondiale et contribuer à l’instabilité du commerce mondial. (uv)

